C’est devenu un scénario classique, encore plus, une constante: un officiel israélien d’extrême droite (ou parfois ultraorthodoxe) s’amène pour provoquer un quartier palestinien investi par des colons afin de semer les troubles et espérer ensuite un gain politique. C’est effectivement ce qui s’est passé dimanche dans le quartier sensible de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est où des heurts ont opposé des manifestants palestiniens à la police israélienne après une visite d’un député d’extrême droite israélien qui a enflammé les tensions.

La police israélienne a fait état de " heurts violents " dans ce quartier, devenu le symbole de la lutte contre la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et annoncé l’arrestation de huit " émeutiers ".Plus de 300000 Palestiniens et 210000 colons israéliens vivent aujourd’hui à Jérusalem-Est, partie palestinienne occupée et annexée par Israël et que les Palestiniens ambitionnent d’en faire la capitale d’un futur Etat. Israël considère toute la ville de Jérusalem comme sa capitale.

Itamar Ben-Gvir, membre de la Knesset et chef du parti d’extrême droite " Force juive " (Otzma Yehudit) d’inspiration kahaniste. (AFP)
Itamar Ben Gvir, député de la formation d’extrême droite " Sionisme religieux " et connu pour ses déclarations incendiaires sur les Palestiniens, s’est rendu à Cheikh Jarrah pour ouvrir un " bureau " et soutenir les habitants juifs du quartier. Avant sa visite, M. Ben Gvir a accusé samedi la police de n’avoir pas réagi à un incendie présumé criminel qui a brûlé la maison d’une famille juive dans le quartier. " Si les terroristes ont tenté de brûler vive une famille juive sans que la police réagisse, je viendrai sur place ", a-t-il prévenu. M. Ben Gvir a appelé ses soutiens à le rejoindre et déclaré dimanche vouloir maintenir ouvert ce " bureau " sur place jusqu’à ce que la police " s’occupe de la sécurité des résidents " juifs.

L’Autorité palestinienne a condamné l’ouverture de ce bureau, la qualifiant de " provocation menaçant d’embraser la situation qui pourra devenir difficile à contrôler ", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Dans un communiqué, le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a mis en garde Israël contre " les conséquences des attaques répétées sur le quartier de Cheikh Jarrah ". " Ces provocations irresponsables et tout autre acte d’escalade dans ce secteur sensible vont attiser les tensions et doivent cesser ", a écrit sur Twitter la représentation de l’Union européenne (UE) dans les Territoires palestiniens.

En mai, des manifestations de soutien à des familles palestiniennes menacées d’expulsion à Cheikh Jarrah au profit de colons juifs avaient dégénéré en heurts avec des colons juifs et la police israélienne. Des centaines de Palestiniens avaient été blessés. Dans la foulée, le Hamas a lancé des salves de roquettes vers Israël qui a répliqué, des violences qui ont donné lieu à une guerre de 11 jours entre le mouvement palestinien et l’armée israéliennes.

Ces dernières années, la colonisation israélienne de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, mais aussi de Jérusalem-Est, s’est intensifiée avec des projets immobiliers financés par le gouvernement ou des initiatives d’organisations de colons pour racheter des maisons de Palestiniens, voire les exproprier. Illégale au regard du droit international, la colonisation s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967.

Avec AFP