Les Emirats arabes unis, deuxième pays du Golfe à avoir subi des attaques de drones après l’Arabie saoudite, a organisé dimanche une conférence en marge d’une exposition portant sur les systèmes de défense téléguidés (UMEX) à Abou Dhabi, à laquelle participent notamment des représentants des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de France et d’Israël. Ces sytèmes comportent, outre les engins volants, toutes sortes d’engins terrestres et même marins pouvant être téléguidés et équipés de la technologie de l’intelligence artificielle pour les rendre plus autonomes. Les autorités émiraties ont mis en garde contre la menace grandissante des drones après des attaques utilisant ces engins lancées par les rebelles yéménites houthis contre leur territoire. Les attaques des Houthis ont provoqué des dommages mineurs, mais elles ont pu déstabiliser ce pays considéré comme un oasis de paix dans la région du Golfe. Le faible coût des drones et leurs tailles qui les rendent presque furtifs en font un outil efficace pour le harcèlement d’une nation ou d’une région.

L’avertissement a été lancé par le ministre d’Etat aux Affaires de la Défense Mohammed ben Ahmad al-Bawardi. " Nous devons nous unir pour empêcher l’utilisation des drones (comme outil) pour menacer la sécurité des civils et détruire les institutions économiques ", a dit le ministre émirati. " Ces appareils sont utilisés à des fins terroristes par certains groupes ", a indiqué pour sa part le ministre d’Etat à l’Intelligence artificielle, Omar al-Olama à la même conférence, où des drones seront exposés. " Nous devons travailler ensemble afin de former un bouclier contre le recours à ces systèmes " pour lancer des attaques, a-t-il ajouté.

De son côté, le général Sean A. Gainey, qui dirige le bureau spécialisé dans l’interception des drones au sein de l’armée américaine, a souligné lors de la conférence le défi que représente l’accessibilité de ces engins pour les " adversaires ". " Ils achètent rapidement cette technologie qui a été conçue pour le bien et la modifient pour leur propre usage ", a-t-il dit. Selon lui, l’intelligence artificielle intégrée aux systèmes de défense aérienne peut servir à intercepter les drones lors d’une attaque.

Pour sa part, Walid Benzarti directeur chargé de l’innovation, de la recherche et de la technologie chez le groupe français Thalès, affirme que le développement des drones était inévitable pour l’industrie. " Il reste que nous devons protéger les espaces aériens et nous devons tous être impliqués ", a-t-il dit.

Les Emirats, qui font partie d’une coalition militaire qui combat les rebelles Houthis au Yémen en guerre, ont été la cible d’une attaque de drones le 17 janvier qui a fait trois morts à Abou Dhabi. Cette attaque et deux autres aux missiles qui ont été interceptés les 24 et 31 janvier ont été revendiquées par les Houthis.

Face à la multiplication des attaques contre les Emirats, les Etats-Unis ont envoyé un navire de guerre, le destroyer lance-missiles USS Cole, et des avions de combat de cinquième génération à Abou Dhabi pour aider leur allié. La France a elle aussi affirmé qu’elle allait aider les Emirats à sécuriser leur espace aérien.

Les Houthis, qui contrôlent une grand partie du nord du Yémen, dont la capitale Sanaa, lancent régulièrement des attaques de drones et des missiles contre l’Arabie saoudite, dont la dernière en date a visé l’aéroport d’Abha le 10 février. C’est l’Arabie saoudite, voisine du Yémen, qui dirige la coalition militaire intervenant depuis 2015 dans ce pays pour aider le pouvoir face aux Houthis. Selon l’ONU, au moins 377.000 personnes ont été tuées en sept ans de conflit.

Avec AFP