Les oligarques russes, pour la plupart des ex-responsables du Parti communiste de l’Union soviétique et de l’ex- KGB, ont fait fortune dans un pays qui interdisait les riches au nom du marxisme. Ils ont acheté les énormes conglomérats soviétiques pour une bouchée de pain lors de la vague de privatisation lancée par l’ex-président Boris Eltsine et son Premier ministre Igor Gaïdar à partir de la chute de l’URSS en 1991. Si quelques rares oligarques ont tenté de se frayer un chemin en politique, ils ont été jugés, emprisonnés ou directement assassinés à grand renfort de produits toxiques " made in Russia " par Poutine. Tel était le sort de Mikhaïl Khodorkovski, patron de la société pétrolière Ioukos avec une fortune estimée à l’époque à 8 milliards de dollars. Khodorkovski a écopé d’une peine de dix ans de prison. D’autres ont eu moins de chance, comme Boris Berezovski, qui va être assassiné dans sa luxueuse propriété à Londres.
Symboles de l’enrichissement massif des hauts responsables politiques et économiques russes, les yachts font partie des biens qu’ils détiennent à l’étranger, ciblés par les sanctions occidentales. Leur interception est un des premiers signes tangibles de l’application de ces sanctions. Les sanctions européennes visent près de 500 personnalités ou entités russes, dont les avoirs et les ressources économiques doivent être progressivement gelés, à mesure que les Etats européens parviennent à les localiser et les relier à leurs propriétaires.
Jeudi, un méga-yacht, propriété d’une société liée au puissant patron du géant pétrolier russe Rosneft, a été saisi dans le sud de la France, un des actes les plus tangibles de la traque aux biens de luxe des oligarques russes proches de Vladimir Poutine.
Des informations de presse qui n’avaient pas encore pu être vérifiées par l’AFP signalaient qu’un autre yacht, le Dilbar, considéré comme le plus grand yacht du monde, propriété de l’oligarque russe Alisher Usmanov, aurait également été saisi par les autorités allemandes dans le port de Hambourg.
Le bateau a été bloqué dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que " le navire prenait des dispositions pour appareiller dans l’urgence, sans avoir achevé les travaux prévus ", a-t-il ajouté.
A La Ciotat, près de Marseille, l’opération de contrôle française a ainsi pris du temps, les douanes devant vérifier l’identité du propriétaire se cachant derrière la société qui détenait en propre le navire, explique une source officielle française.
" Il y a beaucoup d’échos dans le milieu sur des yachts russes s’apprêtant à quitter la Côte d’Azur ", indique aussi à l’AFP une source connaissant bien le milieu du yachting.
" La difficulté, c’est qu’ils ne sont pas sous pavillon russe, mais sous autre pavillon, avec derrière des montages compliqués via des sociétés écrans donc le travail des douanes consiste à voir qui se cache derrière ", confirme à l’AFP une source connaissant bien le secteur de la grande plaisance.
Il s’agit du troisième bateau intercepté par la France dans le cadre des mesures de rétorsion prises après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Samedi dernier, les autorités françaises ont immobilisé dans la Manche un bateau de commerce appartenant selon Paris à la banque russe PSB, le Baltic Leader, et dimanche, c’est un cargo russe, le Victor Andryukhin, appartenant à une compagnie de leasing publique russe, qui a été gelé dans le port de Marseille-Fos.