Zelensky s’adresse au Conseil de sécurité
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mardi l’ONU à agir " immédiatement " contre la Russie au regard de ses " crimes de guerre " commis selon lui en Ukraine, réclamant notamment son exclusion du Conseil de sécurité, alors que Moscou rejette toute accusation d’exactions. 
Après l’onde de choc provoquée par la découverte le week-end dernier de nombreux cadavres à Boutcha, près de Kiev, où l’Ukraine accuse les Russes de massacres, l’Union européenne et Washington ont intensifié leur pression économique et diplomatique contre la Russie dans l’espoir de lui faire lâcher prise.
" Maintenant nous avons besoin de décisions du Conseil de sécurité pour la paix en Ukraine ", a déclaré M. Zelensky dans un discours solennel par vidéo retransmis en direct dans la salle de l’institution à New York.  Il a demandé à l’ONU que la Russie soit " tenue responsable " pour ses " crimes de guerre " perpétrés selon lui en Ukraine depuis son invasion le 24 février.Pour cela, a-t-il ajouté, il faut que la Russie soit exclue du Conseil de sécurité, dont elle est un des cinq membres permanents avec droit de veto, ou que le système onusien soit réformé pour que " le droit de veto ne signifie pas le droit de mourir ".Le président ukrainien a ensuite fait diffuser devant le Conseil de sécurité une vidéo présentant des images très crues de personnes tuées en Ukraine.  Plusieurs corps ou parties de corps figuraient sur ces images, sur un fond sonore accentuant la dramatisation de la vidéo. "Ce que nous avons vu à Boutcha n’est pas l’acte isolé d’une unité dévoyée. C’est une campagne délibérée pour tuer, torturer, violer, commettre des atrocités ", avait déclaré plus tôt dans la journée le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est adressé directement aux Russes mardi, leur disant dans une vidéo qu’ils méritent de connaître " la vérité " sur les atrocités commises en Ukraine après l’invasion russe, soulignant notamment que les exactions imputées aux Russes à Boutcha ont " horrifié le monde ".Moscou nie en bloc et accuse les autorités ukrainiennes de préparer des " mises en scène " de civils tués dans plusieurs villes pour faire condamner le Kremlin.  Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a estimé mardi soir que la découverte de cadavres à Boutcha était une " provocation " visant à faire échouer les négociations en cours entre Kiev et Moscou.

Des " preuves inquiétantes "

La France a annoncé mardi soir qu’elle allait offrir des moyens financiers et humains pour soutenir les enquêtes sur les massacres imputés aux forces russes en Ukraine, après un entretien entre le président Emmanuel Macron et son homologue Zelensky.

Pour le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, " tous les signes pointent vers le fait que les victimes [de Boutcha] ont été ciblées délibérément et tuées directement. Et ces preuves sont très inquiétantes ".

Des images satellite de la ville publiées lundi par la société américaine Maxar Technologies semblent également réfuter les affirmations russes selon lesquelles les cadavres de personnes en vêtements civils trouvés à Boutcha y ont été placés après que les troupes russes avaient évacué les lieux.

 

 

 

 

Samedi, l’AFP avait vu à Boutcha les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues de la ville. L’une d’elles était couchée près d’un vélo et une autre avait des sacs à provisions à côté d’elle. Un cadavre avait les mains liées dans le dos.  Selon le maire de Boutcha, Anatoly Fedorouk, 280 personnes ont dû être enterrées par les Ukrainiens ces derniers jours dans des " fosses communes " à Boutcha.

200 diplomates russes expulsés en 48 heures

Après la France et l’Allemagne lundi, l’Italie, l’Espagne et la Slovénie ont à leur tour expulsé mardi en masse des diplomates russes, marquant une nouvelle dégradation des relations avec Moscou après la découverte des dizaines de cadavres près de Kiev. Au total, près de 200 diplomates russes ont été expulsés d’Europe en 48 heures.

Sur le front des sanctions économiques, qui pleuvent sur Moscou depuis son invasion de l’Ukraine, le Trésor américain a annoncé mardi qu’il n’autorisait plus la Russie à rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines.

Sanctions économiques

Les Etats-Unis vont également adopter mercredi, en coordination avec l’Union européenne et le G7, de nouvelles sanctions visant notamment à interdire " tout nouvel investissement " en Russie, selon une source proche du dossier.

La Grande-Bretagne a gelé 350 milliards de dollars de devises étrangères du régime russe, le " trésor de guerre " du président Vladimir Poutine, a déclaré mardi à Varsovie la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.

L’Union européenne a de son côté promis de nouvelles sanctions " cette semaine " contre la Russie. La Commission européenne a proposé que les Vingt-Sept cessent leurs achats de charbon russe, qui représentent 45% des importations de l’UE, et qu’ils ferment leurs ports aux bateaux opérés par des Russes.

Sur Twitter, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a appelé l’Union européenne à imposer à Moscou " la mère de toutes les sanctions " afin d' "empêcher de ‘nouveaux Boutchas' ". " Cessez d’acheter du pétrole, du gaz et du charbon à la Russie. Cessez de financer la machine de guerre " de Vladimir Poutine, a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine a répliqué en proposant de " surveiller " les livraisons alimentaires russes vers les pays " hostiles " au Kremlin.

A l’Est, on attend le pire

Sur le théâtre militaire, plusieurs bombardements ont touché dans la nuit de lundi à mardi Kramatorsk, grande ville contrôlée par Kiev dans l’est de l’Ukraine, région où le ministère de la Défense ukrainien dit s’attendre à une " offensive " de " l’ennemi " en vue de prendre " le contrôle de l’ensemble des régions de Lougansk et de Donetsk ".

Après le récent retrait des troupes russes qui assiégeaient Kiev et sa région, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a estimé que la Russie se renforçait pour " prendre le contrôle de l’ensemble du Donbass ", dans l’est de l’Ukraine, et réaliser " un pont terrestre avec la Crimée ", annexée par Moscou en 2014.  " Nous sommes dans une phase cruciale de la guerre ", a-t-il averti, disant redouter la découverte " d’autres atrocités " commises par les forces Russes en Ukraine.

 

 

 

L’armée russe a affirmé mardi soir avoir abattu deux hélicoptères ukrainiens cherchant à évacuer des chefs d’un bataillon nationaliste défendant le port assiégé de Marioupol (sud-est), tout en appelant une nouvelle fois ces défenseurs à déposer les armes.Marioupol a " dépassé le stade de la catastrophe humanitaire ", avait dans la journée affirmé à l’AFP Vadim Boïtchenko, le maire de ce grand port assiégé par l’armée russe, qualifiant d' "invivable " la situation des quelque 120.000 habitants toujours sur place.  La ville, qui comptait près d’un demi-million d’habitants avant la guerre, est détruite " à 90% ", avait annoncé lundi M. Boïtchenko.A Mykolaïv (sud), trois hôpitaux " ont été touchés par des bombardements " dimanche et lundi, a indiqué mardi l’organisation non gouvernementale Médecins sans Frontières (MSF), présente sur place.
Selon le dernier décompte du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, plus de 4,24 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis le 24 février. L’Europe n’a pas connu un tel flot de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale.Au total, la guerre en Ukraine a des conséquences dans 74 pays en développement, touchant 1,2 milliard de personnes " particulièrement vulnérables à la flambée des prix des aliments, de l’énergie et des engrais ", a affirmé mardi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.Avec AFP

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