Cette jeune mère d’un garçon de cinq ans a choisi de porter l’uniforme pour défendre son pays à l’est de l’Ukraine. (AFP)
En Géorgie, l’Ossétie du Sud " réclame " à son tour son annexion à la Russie

Les autorités de la région séparatiste géorgienne prorusse d’Ossétie du Sud ont annoncé vendredi organiser le 17 juillet un référendum sur son intégration à la Russie.

Le " président " Anatoli Bibilov " a signé un décret sur la tenue d’un référendum dans la république d’Ossétie du Sud ", ont déclaré ses services dans un communiqué, évoquant " l’aspiration historique " des habitants de ce petit territoire caucasien à rejoindre la Russie, dont elle est limitrophe.

" Nous rentrons à la maison ", a commenté M. Bibilov sur la messagerie Telegram. " Le moment est venu de s’unir une fois pour toutes ", " l’Ossétie du Sud et la Russie seront ensemble. C’est le début d’une grande nouvelle histoire ", a-t-il ajouté.

 

Anatoli Bibilov n’a pas réussi à se faire réélire au poste de " président " au début du mois et la Russie a exprimé l’espoir que son successeur à ce poste, Alan Gagloïev, saurait assurer la " continuité " dans les relations avec Moscou.

L’Ossétie du Sud a été au centre de la guerre russo-géorgienne de 2008, à la suite de laquelle le Kremlin a reconnu son indépendance ainsi que celle d’une autre région séparatiste géorgienne, l’Abkhazie, et y a installé des bases militaires.

 

L’annonce du prochain référendum a été faite au 79e jour de l’invasion russe de l’Ukraine. Les régions séparatistes ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, dont l’indépendance a aussi été reconnue par Moscou, ont de même fait part de leur intérêt pour une intégration à la Russie.

L’offensive contre l’Ukraine a suscité un élan de solidarité en Géorgie. Cette dernière avait déjà par le passé qualifié d' "inacceptable " le projet de l’Ossétie du Sud d’organiser un référendum sur son entrée dans la Fédération de Russie.

En août 2008, la Russie a attaqué la Géorgie dont le gouvernement combattait des milices prorusses dans cette région, après qu’elles eurent bombardé des villages géorgiens.

Les combats ont pris fin au bout de cinq jours avec l’établissement d’un cessez-le-feu négocié par l’Union européenne, mais ont fait plus de 700 morts et provoqué le déplacement de dizaines de milliers de Géorgiens de souche.

 

Aide supplémentaire d’un demi-milliard d’euros de l’UE

Face à la poursuite des bombardements et de l’offensive russe contre l’Ukraine, l’Union européenne a annoncé vendredi qu’elle allait ajouter 500 millions d’euros à son financement de l’effort militaire ukrainien, en le portant " à 2 milliards d’euros au total ".

La recette est " claire ", a déclaré le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell à l’occasion d’une réunion du G7 à Wangels, dans l’extrême nord de l’Allemagne: il faut " plus de la même chose ", à savoir plus de sanctions économiques contre la Russie, plus de soutien à Kiev, et aussi " continuer de travailler à isoler la Russie ".

 

Sur le sujet des sanctions, les 27 membres de l’UE n’ont cependant toujours pas réussi à se mettre d’accord pour arrêter progressivement leurs achats de pétrole russe, la Hongrie ayant jugé insuffisante la dérogation obtenue.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a assuré Kiev du soutien du G7 " jusqu’à la victoire de l’Ukraine ".

" Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, c’est la Russie qui est en guerre contre l’Ukraine: il y a un agresseur et un agressé et nous soutenons l’agressé ", a-t-il souligné.

Les ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, France, Italie, Canada, Etats-Unis, Japon et Royaume-Uni), rejoints par leurs homologues ukrainien Dmytro Kouleba et moldave Nicu Popescu, sont réunis jusqu’à samedi.

Des soldats ukrainiens sur le front de l’est

 

La Suède et la Finlande aux portes de l’Otan

Vendredi, un rapport officiel suédois a ouvert la voie à une adhésion du pays à l’Otan, en multipliant les conclusions favorables avant la décision de ce pays nordique et de son voisin finlandais dans les prochains jours.

" Une adhésion de la Suède à l’Otan relèverait le seuil (de déclenchement) de conflits militaires et aurait ainsi un effet dissuasif en Europe du Nord ", conclut le rapport préparé ces dernières semaines par le gouvernement et les partis au Parlement.

Conséquence directe de l’invasion russe de l’Ukraine, Suède et Finlande, deux membres de l’UE restés des décennies hors des alliances militaires, doivent annoncer d’ici le début de la semaine prochaine leur candidature à l’Otan.

 

La Russie avait mis en garde en particulier la Finlande, pays voisin. Et vendredi, la filiale locale du fournisseur russe d’électricité InterRAO a annoncé suspendre à partir de samedi ses livraisons à ce pays, invoquant des problèmes de paiement. L’opérateur finlandais a cependant assuré qu’il pourrait se passer de l’électricité russe, qui représente " moins de 10% " de ses besoins.

Quant au président turc Recep Tayyip Erdogan, il a exprimé vendredi son hostilité à l’adhésion de ces deux pays à l’Otan, au risque de bloquer l’ensemble du processus qui requiert l’unanimité des membres de l’Alliance atlantique.

Il a expliqué reprocher à Stockholm et Helsinki de servir " d’auberge aux terroristes du PKK ", le Parti des Travailleurs du Kurdistan.

Washington " travaille à clarifier la position de la Turquie ", a commenté la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki vendredi.

Sur le front de l’est, les combats quotidien font rage, semant la destruction et les incendies

 

Pour Lavrov, l’UE est " agressive et belliqueuse "

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a accusé vendredi l’Union européenne de s’être transformée en acteur " agressif et belliqueux " dans le sillon de l’Otan avec le conflit en Ukraine.

" L’UE est passée d’une plate-forme économique constructive, telle qu’elle a été créée, à un acteur agressif et belliqueux qui affiche déjà ses ambitions bien au-delà du continent européen ", a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse depuis Douchanbé, au Tadjikistan.  A ce titre, il a jugé que " le désir de Kiev devenir membre de l’Union européenne n’est pas anodin ".

Plus largement, il a accusé les Européens de se précipiter " exactement sur la voie que l’Otan a déjà tracée, confirmant ainsi la tendance à la fusion avec l’Alliance nord-atlantique et serviront, en fait, d’appendice " à l’Otan, a ajouté M. Lavrov dans le parc d’une résidence officielle, interrompu par les cris de paons.

Il a dénoncé au passage des propos de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui s’est rendue en Inde fin avril pour une visite destinée à renforcer les liens stratégiques avec ce pays qui affiche sa neutralité face au conflit.

" L’issue de la guerre (en Ukraine) ne déterminera pas seulement l’avenir de l’Europe, mais elle affectera profondément aussi la région Indo-Pacifique ", avait-elle déclaré.

Sur le front de l’est, les combats quotidien font rage, semant la destruction et les incendies

 

Moscou considère l’Alliance atlantique, son vieil ennemi de la Guerre froide, comme une menace existentielle et a notamment justifié son offensive en Ukraine par les ambitions atlantistes de Kiev et le soutien politique et militaire occidental à ce voisin de la Russie.

La Russie multiplie également les coups de canif contre l’Union européenne, qui a imposé une volée de sanctions sans précédent à Moscou et affiche son soutien à l’Ukraine.

 

Poutine explique à Scholz vouloir combattre des nazis

Le président russe Vladimir Poutine a insisté vendredi auprès du chancelier allemand Olaf Scholz sur " l’idéologie nazie " des forces que la Russie combat en Ukraine, justifiant une nouvelle fois son offensive.

" L’attention a été attirée sur la poursuite des violations du droit international humanitaire par les combattants prônant une idéologie nazie et qui utilisent des méthodes terroristes ", a indiqué le Kremlin dans un communiqué expliquant la teneur des propos du président russe lors d’un entretien téléphonique avec le dirigeant allemand.

Il a aussi répété que son offensive, dénoncée par la communauté internationale, visait à protéger la population russophone de l’Est de l’Ukraine. M. Poutine a enfin aussi accusé une nouvelle fois Kiev d’être la cause du blocage de pourparlers de paix.  Les autorités russes n’ont cessé de justifier l’assaut sur l’Ukraine par la dérive " néonazie " du pays.

Un énorme dépôt ferroviaire incendié à l’est
Le ton monte entre Zelensky et Macron

Le ton monte entre Paris et Kiev même si l’objectif reste le même, arrêter la guerre: le président ukrainien Volodymyr Zelensky reproche à Emmanuel Macron de vouloir ménager une " porte de sortie " à Vladimir Poutine et se montre réservé sur son projet de " communauté politique européenne ".

" Il ne faut pas chercher une porte de sortie pour la Russie, et Macron le fait en vain ", a-t-il regretté dans une interview à la chaîne italienne RAI 1, diffusée vendredi sur sa chaîne Telegram.

" Je sais qu’il voulait obtenir des résultats dans la médiation entre la Russie et l’Ukraine, mais il n’en a pas eu ", a-t-il asséné, en référence aux multiples échanges du président français avec son homologue russe et lui-même juste avant le début de l’invasion russe en Ukraine, mais aussi depuis.

Le président français a insisté de son côté, lundi à Strasbourg, sur la nécessité de ne " jamais céder à la tentation, ni de l’humiliation, ni de l’esprit de revanche ".

Sur le front de l’est, des barrières métalliques ont été plantées pour retarder l’avancée des chars

 

Une référence à l’humiliation des Allemands à l’issue de la Première Guerre mondiale, qui conduisit tout droit au nazisme et au cataclysme de la Seconde Guerre mondiale, selon la présidence française.

Mais ces propos ont aussi été perçus comme une mise en garde voilée aux Etats-unis, qui aident massivement l’Ukraine au plan militaire et dont le ministre de la Défense, Lloyd Austin, a souhaité " voir la Russie affaiblie " à jamais au retour d’un voyage à Kiev.

" Poutine est un dictateur. Il n’a pas besoin de " sauver la face " devant qui que ce soit ", a répliqué vendredi Michael McFaul, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Russie.

Pour le président Zelensky, " Macron n’a pas besoin de faire des concessions diplomatiques (à la Russie) maintenant ".

L’Elysée se défend de son côté de tout cavalier seul. Le chef de l’Etat " n’a jamais rien discuté avec Vladimir Poutine sans l’accord du président Zelensky ", insiste la présidence française.

" Il n’appartient qu’à l’Ukraine de définir les conditions des négociations avec la Russie ", a également réitéré Emmanuel Macron dans son discours sur l’avenir de l’Europe à Strasbourg.

Ce soldat récupère des munitions non consommées d’un blindé russe détruit

 

Sur le terrain, les combats continuent

Pour l’heure, en Ukraine, les combats continuaient dans l’est entre forces russes et armée ukrainienne, notamment à Marioupol, la grande ville portuaire du sud-est, où résiste encore un millier de soldats ukrainiens retranchés dans les entrailles de l’usine sidérurgique Azovstal.

" Il y a près de 600 blessés sur Azovstal, les Russes continuent de bombarder l’hôpital militaire ", a témoigné depuis l’usine Sviatoslav Palamar, le commandant adjoint du régiment Azov, une des formations ukrainiennes qui s’y trouvent, lors d’une conférence en ligne. " Nous allons résister tant que nous pourrons (…), si on ne l’avait pas fait, cette horde irait plus loin ", a-t-il ajouté.

" Je voudrais que les Etats-Unis aident à évacuer nos blessés et mobilisent tous les efforts pour aider à l’extraction de notre régiment " de cet encerclement, a-t-il encore dit.

 

Les efforts internationaux, jusqu’à ceux du pape François, se sont révélés infructueux jusqu’à présent pour sauver les soldats ukrainiens retranchés dans cette ville à 90% détruite par les bombardements russes.

Sans préciser si cette question avait été évoquée, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a constaté vendredi que son entretien avec son homologue russe Sergueï Choïgou n’avait permis aucun progrès.

Selon un haut responsable du Pentagone, " l’appel en lui-même n’a résolu aucun problème aigu ou mené à des changements directs dans ce que les Russes font ou disent ".

Iryna Verechtchouk, vice-Première ministre ukrainienne, a fait le même constat après l’appel à l’aide du régiment Azov.

" Il ne faut pas exagérer le pouvoir des dirigeants mondiaux " face à la détermination de Moscou, a-t-elle relevé sur Telegram, ajoutant que les " négociations avec l’ennemi sont très difficiles ".

Des corps gisant à même le sol sont retrouvés dans les villages repris à l’armée russe

 

Premier procès pour crime de guerre en Ukraine

Les accusations de crimes s’accumulent contre l’armée russe sur le sol ukrainien à la 12e semaine de guerre, notamment pour le déplacement forcé de milliers de personnes dans des " camps de filtration ".

Les chaînes américaine CNN et britannique BBC ont diffusé jeudi des images de vidéosurveillance présumées montrer le meurtre de deux civils ukrainiens abattus par des soldats russes dans la banlieue de Kiev, mi-mars.

Cette vidéo s’ajoute aux nombreux témoignages sur les exactions dont sont accusées par Kiev les troupes russes en Ukraine.

Le premier procès pour crime de guerre depuis l’invasion russe de l’Ukraine débutera le 18 mai à Kiev: celui d’un jeune soldat russe suspecté d’avoir tué un homme de 62 ans. L’audience préliminaire s’est déroulée vendredi à Kiev.

Les actes de l’armée russe feront l’objet d’investigations, notamment de la commission spéciale du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, qui a reçu le feu vert jeudi, de la Cour pénale internationale.

" Choqué par les atrocités commises par les occupants russes sur nos terres, le monde libre a fixé un nouvel objectif conjoint: non d’arrêter, mais de vaincre le Kremlin ", a commenté vendredi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, sur Facebook, notant néanmoins que les armes lourdes que son pays commence à recevoir mettraient du temps à égaliser les forces face à l’armée russe.

Des corps gisant à même le sol sont retrouvés dans les villages repris à l’armée russe
Le G7 veut aider l’Ukraine à exporter face à " l’arme de guerre " de la faim

Les ministres de l’Agriculture du G7 ont cherché vendredi avec leur homologue ukrainien des solutions pour contrer l’insécurité alimentaire à travers laquelle, selon Kiev, " tout le monde pays le prix " de l’invasion russe.

" Nous avons évoqué comment nous pouvons aider à sauver le plus possible les récoltes, par le chemin terrestre, ferroviaire ou via le Danube ", a expliqué le ministre allemand de l’Agriculture Cem Özdemir lors d’une conférence de presse avec le ministre ukrainien Mykola Solsky à Stuttgart.

Les ministres de l’Agriculture du G7 réunis vendredi à Stuttgart

 

L’invasion russe et le blocus imposé aux ports ukrainiens a fortement réduit les voies d’exportations pour ce grand producteur agricole. " C’est une stratégie de Vladimir Poutine d’utiliser la faim comme arme de guerre, en Ukraine et au delà ", a ajouté M. Özdemir.

" Les Ukrainiens ont connu cela par le passé en Union Soviétique (…) pendant l’Holodomor ", a-t-il ajouté en référence à la grande famine qui eut lieu en Ukraine en 1932 et 1933 et qui fit plusieurs millions de morts.

Certains pays d’Afrique sont particulièrement dépendants des exportations d’Ukraine, réputée pour ses terres noires très fertiles, et qui était avant l’invasion le quatrième exportateur mondial de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé.

 

Les ministres de l’Agriculture du G7 réunis vendredi à Stuttgart
Berlin qualifie de " répugnant " les vols de céréales par les Russes

Quelque 20 millions de tonnes doivent quitter les silos du pays d’ici trois mois avant la prochaine récolte, a expliqué M. Solski lors de cette réunion thématique du G7, rassemblant des représentants des sept puissances les plus riches de la planète (Allemagne, France, Italie, Canada, États-Unis, Japon et Royaume-Uni).

" Nous sommes confrontés à une situation difficile ", a indiqué le ministre ukrainien, estimant que l’insécurité alimentaire et la hausse des prix des denrées étaient une conséquence de la guerre qui frappe " tout le monde ".

M. Özdemir a également qualifié de " répugnant " les vols de céréales dont sont accusées les troupes russes en Ukraine.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a de son côté " rappelé " à Vladimir Poutine lors d’un entretien téléphonique vendredi matin la " responsabilité particulière " de la Russie dans l’approvisionnement alimentaire mondial, " particulièrement sous tension en raison de la guerre ", selon un communiqué de la chancellerie allemande.

" Nous ne pouvons pas résoudre cette question tout seuls " et " nous devons travailler à débloquer les ports de la mer Noire et à établir des liens logistiques vers les ports baltes ", a-t-il ajouté.

La Commission européenne a présenté un plan pour aider l’Ukraine à exporter sa production en mobilisant des capacités de fret.

Avec AFP