" Un sprint sur l’Atlantique ". Après un report inédit en raison d’une météo désastreuse, 138 marins, un record, s’élancent mercredi de Saint-Malo à destination de la Guadeloupe pour la 12e édition de la prestigieuse Route du Rhum.

Le coup de canon retentira à 14h15 pour tous les navigateurs, 131 hommes et sept femmes, répartis sur une même ligne de départ de plusieurs kilomètres au large de la cité corsaire.

" Cela va être un début de course assez tonique. Il va y avoir un beau spectacle sur l’eau avec tous ces bateaux ", estime Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), " fin prêt " après avoir patienté quelques jours supplémentaires à terre.

La course transatlantique en solitaire, qui a lieu tous les 4 ans depuis sa création en 1978, devait démarrer dimanche. Mais les vagues de 7 mètres et les rafales de vent à 100 km/h annoncées au lendemain du départ ont conduit à un report historique.

Les conditions météo prévues mercredi, un vent d’ouest modéré et une mer un peu plus calme, " offrent de meilleures opportunités à tous les acteurs de la course, du plus fort au plus vulnérable, de traverser l’Atlantique sans casser ", selon Thomas Coville (Sodebo).

Record en vue

Car, à l’eau, les bateaux ne sont pas tous égaux. La flotte, mélange de professionnels et d’amateurs, est composée de 6 catégories de voiliers : des petits monocoques ayant participé à la première édition, aux multicoques volant de dernière génération.

Ce sont ces derniers, les Ultim, des trimarans géants atteignant plus de 90 km/h sur l’eau, qui s’échapperont les premiers sous les yeux de nombreux spectateurs massées le long des côtes pour admirer le ballet.

Barrés par les meilleurs skippers de la planète, ces géants des mers peuvent espérer effectuer la traversée en un peu moins d’une semaine, quand les voiliers les plus lents mettront près d’un mois pour franchir la ligne d’arrivée, située à 3.543 milles nautiques du départ, soit 6.562 kilomètres, à Pointe-à-Pitre.

Le record de la traversée est détenu depuis 2018 par le vétéran Francis Joyon (7 jours, 14 heures et 21 minutes), encore au départ cette année sur son Idec Sport. Ce chrono est toutefois menacé par des voiliers de plus en plus véloces et fiabilisés.

" Moments exceptionnels "

" En partant dimanche, l’espoir de battre le record était réduit car les conditions vraiment très fortes auraient impacté la gestion du bateau et donc sa vitesse. Avec le report (…) les temps de course sont très intéressants en Ultim, avec une traversée possible en un peu moins de 6 jours ", prévient le navigateur Morgan Lagravière, routeur de Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), grand favori.

" Cela va être rapide pour aller jusqu’en Guadeloupe, le sprint sur l’Atlantique devrait être au rendez-vous ", se réjouit Le Cléac’h.

Record ou pas, " dans la vie d’un marin, une Route du Rhum, c’est toujours des moments exceptionnels, uniques ", s’enthousiasme François Gabart (SVR-Lazartigue), 2e en 2018, pour 428 secondes seulement sur Joyon. Le marin charentais, 39 ans, revient à la course en solitaire à bord d’un nouveau bateau controversé et fait lui aussi figure de prétendant à la victoire.

Derrrière les Ultim, 38 voiliers de la flotte d’Imoca, les monocoques (18 m) du Vendée Globe, le célèbre tour du monde en solitaire, affichent de belles ambitions. Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut), à bord des bateaux les plus éprouvés de la classe, peuvent espérer traverser l’Atlantique en 10 ou 11 jours, ce qui constituerait également un record.

Mais dans cette catégorie relevée, plusieurs voiliers mis à l’eau récemment comme celui de Jérémie Beyou (Charal) ou de Yannick Bestaven (Maître CoQ) espèrent surtout se tester face aux éléments avant le prochain " Everest des Mers ", en novembre 2024.