Le Sénégal a remporté sa première Coupe d’Afrique des nations en battant aux tirs au but l’Égypte (0-0, 4 tab à 2), lors de la rencontre qui a opposé les deux équipes, dimanche en finale, sur le terrain du stade Paul Biya (Cameroun).  

Le Sénégal a remporté, enfin, sa première Coupe d’Afrique des nations en battant l’Égypte en finale. Charly Triballeau/AFP

Au terme d’un match longtemps incertain, les Sénégalais ont mis fin à la malédiction qui les privait de ce titre en battant aux tirs au but l’Égypte (4-2), nation la plus titrée de la Coupe d’Afrique des nations, qui visait un huitième sacre dans la compétition. Mais la victoire a tardé à se dessiner pour le Sénégal, dans la mesure où les Égyptiens se sont défendus comme des diables, jusqu’à la séance des tirs aux buts qui leur a été fatale.

L’infortuné Mohamed Salah, passe, la mort dans l’âme, devant le trophée tant convoité. Kenzo Tribouillard/AFP

L’affiche proposée pour la finale de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations était tout simplement alléchante. Non seulement, elle mettait aux prises les deux derniers finalistes malheureux des CAN précédentes, à savoir le Sénégal et l’Égypte, mais elle opposait également les deux stars de l’équipe de Liverpool: le Sénégalais Sadio Mané face à l’Égyptien Mohamed Salah. D’autant plus que l’entraîneur des Lions de la Teranga (surnom des joueurs de l’équipe nationale du Sénégal), Aliou Cissé avait un compte personnel à régler: il a perdu les deux finales jouées par le Sénégal, celle de 2002 comme joueur, où il a raté le dernier tir au but contre le Cameroun, et celle de 2019 contre l’Algérie comme coach.

Aliou Cissé a enfin pris sa revanche dans la Coupe d’Afrique des nations

Forts de sept titres à leur actif en CAN, les Pharaons comptaient bien sur leur superstar de Liverpool pour ajouter un 8e titre à leur palmarès. Après des débuts en demi-teinte dans cette compétition, devancée par le Nigeria au premier tour, l’Égypte s’est appuyée ensuite sur Mohamed Salah pour se hisser, avec un brin de chance, en finale. Dominateur et invaincu en phase de poules, le Sénégal abordait, pour sa part la finale en confiance, surtout que les Egyptiens avaient joué de leur côté trois prolongations successives, soit l’équivalent d’un match de plus que leurs adversaires. A ce niveau de la compétition, une telle fatigue dans les jambes risquait fort de peser lourd dans la balance. Et si l’Égypte avait Salah, le Sénégal, lui, disposait de quatre joueurs de classe mondiale: Mendy (Chelsea), Koulibaly (Naples), Idrissa Gueye (PSG) en plus de Mané, bien entendu.

Le match

Après une minute de silence observée à la mémoire des victimes de la bousculade du 24 janvier qui avait fait huit morts, à Yaoundé, avant un match de la Coupe d’Afrique des nations Camroun-Comores, l’arbitre Victor Gomes (Afrique du Sud) donnait le coup d’envoi de la première période. Le Sénégal démarrait alors la rencontre sur les chapeaux  de roue et prenait d’assaut les buts adverses. Les efforts des Lions de la Teranga allaient être très vite récompensés. En effet, à la 5e minute, le défenseur de l’Égypte, Mohamed Abdelmonem, pris de vitesse ratait complètement son tacle et crochetait Saliou Ciss dans la surface de réparation. Monsieur Gomes désignait sans hésiter le point de penalty et avertissait dans la foulée le joueur égyptien. Sadio Mané tirait le penalty en force du pied droit, mais le portier égyptien Gabal, parti du bon côté, détournait en force avec les  poings. Énorme occasion gâchée pour le Sénégal. Quelques minutes plus tard, le gardien des Pharaons bloquait un nouveau ballon du pied droit d’Ismaïla Sarr, cette fois. Attaqués de tous les côtés, les Pharaons pliaient mais ne rompaient pas. Affichant une belle solidité défensive face à la déferlante adverse, ils laissaient passer l’orage avec beaucoup de métier.

Héros malheureux pendant la partie, Sadio Mané a eu le droit à une deuxième chance pour offrir le trophée aux Sénégalais. Charly Triballeau/AFP

Quelques minutes plus tard, Ismaïla Sarr déboulait dans la surface de réparation et centrait en retrait pour Mané, qui visiblement marqué par son penalty raté, manquait complètement sa reprise de volée (22e). Encouragés par l’inefficacité offensive des Sénégalais, les Egyptiens repartaient à l’assaut des buts de Mendy. Ainsi, à la 28e minute, Mohamed Salah éliminait cinq joueurs avant de tirer à l’entrée de la surface. Toutefois, sa frappe du gauche ne parvenait pas à tromper la vigilance de Mendy. Suivait alors un ralentissement net du rythme de la rencontre. À chaque fois, que les Sénégalais accéléraient, les Pharaons, souvent pris de vitesse, cassaient le jeu avec une succession de petites fautes.

Les deux équipes franchissaient alors la ligne médiane sur le score de 0 à 0.

Du retour des vestiaires, Hamdi Fathi joue immédiatement avec le feu: déjà averti, le défenseur égyptien commettait une faute nette sur Sadio Mané. L’arbitre ne bronchait pas. Cinq minutes plus tard, le Parisien Idrissa Gueye, décroche un tir à ras de terre sur le gardien égyptien qui s’interposait avec brio. Le même gardien, désamorçait ensuite une attaque du côté droit de Borna Sarr (53e). Conscient de la supériorité physique du Sénégal, l’entraîneur adjoint de l’Égypte qui remplaçait Queiroz, suspendu, faisait plusieurs changements pour lancer des joueurs frais dans la bataille. Bien lui en a pris, dans la mesure où les Sénégalais se heurtaient toujours contre une défense intraitable. Dominée, l’Égypte défendait toujours avec férocité et une belle sérénité. Malgré toutes leurs velléités offensives, les Lions de Teranga se heurtaient toujours à un mur infranchissable. Les Sénégalais commençaient à douter et Sadio Mané écopait même d’un carton jaune pour une intervention hasardeuse sur Emam Ashour. L’arbitre sifflait la fin du temps réglementaire sur un score toujours vierge. L’Égypte allait disputer une quatrième prolongation successive. Du jamais vu !

Le Sénégal pousse, l’Égypte repousse

Dès le début de la prolongation, Bamba Dieng, parfaitement servi dans la surface par Sadio Mané, shoote sur le gardien égyptien qui repousse au sol sur sa gauche. Le scénario restait inchangé: les avant centres du Sénégal étaient maladroits dans leur dernier geste. La fatigue commence nettement à se faire sentir dans les deux camps, et la bataille se trouve dès lors réduite à une équation simple: le Sénégal pousse, l’Égypte repousse. Les deux équipes semblent alors résignées à disputer les tirs aux buts. Même si à la 115e minute, le gardien des Pharaons sauve encore son équipe sur frappe sèche de Bamba Dieng. Deux minutes plus tard, c’est au tour de Mendy de sauver les siens sur une frappe de Marwan Hamdy.

La fin de la prolongation est alors sifflée, le sort de la finale allait se décider à la loterie des tirs aux buts. À ce petit jeu, les Sénégalais allaient s’avérer être les plus forts. Mendy, champion d’Europe avec Chelsea stoppait la tentative de Lascheen après avoir vu celle d’Abdelmonem frapper le poteau. Sadio Mané inscrivait le dernier essai devant un public euphorique.

Mané pouvait alors rire et Salah pleurer: le Sénégal remportait son premier trophée continental.