La Fifa prévoit toujours d’organiser des matches en Russie malgré l’invasion de l’Ukraine, mais la Pologne et la Suède ont déjà prévenu qu’elles n’affronteront pas les Russes, comme nombre d’acteurs du sport, tandis que le propriétaire russe de Chelsea, Roman Abramovitch, a pris du recul samedi.

Les footballeurs polonais devaient aller à Moscou le 24 mars pour la demi-finale du barrage du Mondial-2022 dont le vainqueur doit affronter cinq jours plus tard la Suède ou la République tchèque, une rencontre aussi prévue en Russie.

Mais en raison de " l’escalade de l’agression " russe en Ukraine, " l’équipe de Pologne n’envisage pas de jouer le match de barrage contre l’équipe de la Russie ", a écrit sur Twitter le président de la Fédération polonaise de football, Cezary Kulesza.

Le président de la fédération suédoise Karl-Erik Nilsson lui a emboîté le pas: " Quoi que la Fifa décide, nous ne jouerons pas contre la Russie en mars ", a-t-il déclaré dans un communiqué exhortant la Fédération internationale, organisatrice de ces barrages, à annuler ces rencontres.

Sollicitée par l’AFP, la Fédération internationale n’avait pas réagi à ces annonces samedi soir. Jusqu’à présent, la Fifa n’a pas encore pris la moindre mesure à l’encontre de la Russie, se contentant, jeudi, de se dire " préoccupée " face à une situation " tragique et inquiétante ", selon son président Gianni Infantino.

La pression s’intensifie sur l’instance mondiale du football, qui tarde à proposer des sanctions, alors que nombre de fédérations internationales, clubs, sportifs ou instances organisatrices d’événements sont montés au créneau ces derniers jours face à la Russie, organisatrice de la dernière Coupe du monde, en 2018.

Appels au boycott

Les appels au boycott se sont en effet multipliés, comme celui du gouvernement suédois appelant samedi à " un boycott des liens sportifs " avec la Russie " tant que dure l’invasion de l’Ukraine ", selon le ministre des Sports Anders Ygeman.

En biathlon, les hymnes et drapeaux russes et bélarusses seront bannis des prochaines épreuves, a annoncé la fédération internationale, suivant les recommandations du Comité international olympique (CIO).

Les fédérations norvégienne et suédoise de ski ont elles indiqué que les skieurs russes n’étaient pas les bienvenus pour leurs épreuves de Coupe du monde, et les champions olympiques français de volley ont annoncé qu’ils n’iraient pas au Mondial fin août si celui-ci est maintenu sur le sol russe. Quant au Grand Prix de Formule 1 de Sotchi, il est déjà annulé.

Le monde du football reste en première ligne sur ce dossier, depuis l’annonce, vendredi par la Confédération européenne (UEFA), de la relocalisation en France de la prestigieuse finale de Ligue des champions, initialement prévue à Saint-Pétersbourg.

En attendant la résiliation par l’UEFA du contrat la liant avec son sponsor russe Gazprom, qui doit être actée la semaine prochaine en comité exécutif, selon une source ayant connaissance des discussions à l’AFP…

En Angleterre, les interrogations pesant sur l’avenir de l’oligarque Roman Abramovitch, propriétaire de Chelsea, ont connu un premier développement, avec l’annonce par le dirigeant de sa mise en retrait: " Je confie aux administrateurs de la fondation caritative de Chelsea la gestion du Chelsea FC ", a indiqué l’homme fort des tenants du titre de la Ligue des champions.

" Paix "

Certaines grandes voix du sport se sont associées à cette vague de condamnations.

La star polonaise du football Robert Lewandowski a confirmé sur Twitter qu’il ne " pouvait pas imaginer jouer un match contre l’équipe nationale russe dans une situation où une agression armée en Ukraine continue ".

Son compatriote Wojciech Szczesny, marié à une Ukrainienne dont une partie de la famille " est encore en Ukraine ", a rejoint son capitaine en écrivant sur les réseaux sociaux que sa " conscience ne (le) laissera(it) pas jouer ". " Je refuse de me tenir sur le terrain (…) et d’écouter l’hymne russe ", a-t-il assuré sur Instagram.

Des grands noms du sport russe se sont également manifestés, comme la star russe du hockey sur glace Alex Ovechkin: " S’il vous plaît, plus de guerre (…) Nous devons vivre en paix ", a-t-il imploré à l’issue d’un entraînement, un message également porté par le tennisman Andrey Rublev ou l’international de football Fedor Smolov.

" La plupart des Russes ne veulent que la paix et n’ont jamais demandé que tout cela se produise ", a par ailleurs écrit sur les réseaux sociaux le cycliste russe de l’équipe Ineos Pavel Sivakov.