Nathan Chen et Yuzuru Hanyu blessés et absents, le double médaillé olympique Shoma Uno a pris la tête d’un podium 100% japonais à l’issue du programme court hommes aux Championnats du monde de patinage artistique, jeudi à Montpellier.

Sans Chen, sacré champion olympique en février et triple champion du monde sortant, souffrant d’une mystérieuse " blessure persistante ", ni Hanyu, cheville droite toujours récalcitrante, les trois patineurs japonais engagés ont signé un tir groupé.

Avec 109,63 points, Uno a amélioré son record personnel de près de quatre points, impérial sur ses sauts. La pépite Yuma Kagiyama (18 ans), récent vice-champion olympique, suit avec 105,69 points, après un retournement sur son triple Axel, et Kazuki Tomono (23 ans) avec 101,12 points.

Habitué des podiums internationaux depuis 2017 (argent et bronze olympiques en 2018 et 2022, argent mondial en 2017 et 2018) mais encore jamais monté sur la plus haute marche, Uno est désormais à portée d’un premier titre mondial, à 24 ans. Ce qui le rapprocherait de son entraîneur depuis 2019, le Suisse Stéphane Lambiel, double champion du monde (2005 et 2006).

La progression du jour est à mettre au crédit du jeune Américain Ilia Malinin : à 17 ans et pour ses premiers Mondiaux, il a fait bondir son record personnel de près de vingt points, juste au dessus des cent points (100,16 contre 81,31) pour se faire une place au pied du podium.

Côté français, sourire sur le visage d’Adam Siao Him Fa, et franc dépit sur celui de Kevin Aymoz.

Pour ses premiers Mondiaux, après sa 14e place aux JO-2022, le premier s’est classé dixième en franchissant pour la première fois la barre des 90 points – 90,97 exactement – au bout d’une prestation aboutie sur le thème de " Star Wars ".

" Patiner, ce n’est pas difficile "

" Ça s’est très bien passé, j’ai plutôt bien patiné. Il y avait de l’appréhension, mais j’ai plutôt bien géré ", a apprécié Siao Him Fa, même si " deux grosses chutes " sur son quadruple Lutz dans la semaine l’ont conduit à ne pas tenter deux " quads " dans son programme court.

" Le fait que ce soit en France, ça m’a donné un coup de boost, ça me motive encore plus ", a-t-il ajouté.

Le second, lui, n’avait pas d’explication à son triple Axel attendu qui s’est transformé en simple, et l’a relégué au quinzième rang (85,26 points).

" Je n’étais pas stressé, tout allait bien, je me suis préparé tellement dur pendant quatre semaines… Le triple axel, je sais le faire les yeux fermés, donc je suis très en colère ", a-t-il lâché. Et conscient de l’opportunité qu’il a laissé s’envoler : " 85 points avec une très grosse erreur, c’est très bien. Je me dis qu’avec un saut en plus… "

Seul Ukrainien engagé dans la catégorie hommes, Ivan Shmuratko, qui vit à Kiev, s’est qualifié pour le programme libre en 22e position (73,99).

S’il a mis trois jours à rejoindre Montpellier, " le mot difficile, ça ne décrit aucune situation ici ", souligne-t-il. " Patiner, ce n’est pas difficile, ni venir ici pour des Mondiaux. Ce qui est difficile, c’est quand vos proches meurent sous les bombes, c’est d’être en Ukraine. Ça, c’est difficile. Tout le reste… "

" C’est important pour l’Ukraine d’avoir des athlètes qui la représentent sur la scène internationale ", a-t-il estimé, habillé, à la place du costume habituel, du T-shirt bleu de l’équipe ukrainienne.

La compétition se poursuit jeudi soir avec l’attribution du premier titre de la semaine, en couples.