Dans son nouveau film qui sortira en salle le 28 juillet, le metteur en scène libanais Michel Kammoun utilise le poker pour illustrer la vie des gens dans les quartiers pauvres de Beyrouth. De Texas Hold’em à Beirut Hold’em, le cinéaste s’inspire des jeux du hasard pour retracer la vie des Beyrouthins qui risquent tout dans un pays où rien n’est garanti. Selon M. Kammoun: "L’échec n’est pas destructif et le succès n’est pas définitif, c’est ainsi que j’ai dirigé mon film en recréant le paradoxe de la vie."

Beirut Hold’em a été projeté la première fois dans le monde arabe au Red Sea International Film Festival de 2021, dans la catégorie Arab Spectacular, une section consacrée au talents arabes au festival de Djeddah. À travers le film, le spectateur voyage dans le monde du personnage principal, Ziad, interprété par l’acteur d’origine palestinienne, Saleh Bakri. Surnommé Ziko, le protagoniste chrétien est un ex-taulard âgé d’une quarantaine d’années qui vit dans un quartier pauvre à Beyrouth, après la fin de la guerre de 1975. Alors que le Liban est déchiré par des tensions politiques internes, une crise économique sans précédent et le spectre d’une nouvelle guerre, Ziko sort de prison et décide de recommencer sa vie.

L’œuvre de M. Kammoun a été conçue avant la crise économique et financière qui accable le Liban depuis fin 2019, mais la pandémie et la double explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, ont retardé le travail de production et de diffusion. "J’ai rédigé trois scripts après mon premier long-métrage, Falafel, mais je n’ai pu filmer qu’un seul", a révélé le metteur en scène dans un entretien avec Ici Beyrouth. "Je ne voulais pas choisir une intrigue plus simple. Beirut Hold’em est ambitieux, compliqué et sophistiqué. Je salue l’ingéniosité de Sabine Sidawi de Ourjouane Productions qui a trouvé des solutions malgré les difficultés de financement".

Le directeur de Falafel, long métrage primé, sorti en 2006, veut poursuivre son idée directrice mais avec un ton différent à travers Beirut Hold’em. "Vivre normalement est un luxe hors de portée. Nous devons croquer la vie à pleines dents tant que nous en avons le temps", estime M. Kammoun.

Beirut Hold’em conçoit la vie comme une énigme qui ne se résout jamais, mais se poursuit contre vents et marées. À l’image de la vie, le spectateur ne sait pas à quoi s’en tenir. Il reste scotché à l’écran jusqu’à la fin de la projection et s’attache aux personnages.