Après les master class du pianiste Abdel Rahman el-Bacha et de la violoncelliste Suzanne Vermeyen qui se sont tenues avec grand succès, voici que Beit Tabaris accueille deux grandes vedettes de la musique européenne, Silvia Careddu, première flute solo de l’Orchestre national de France, et Patrick Messina, première clarinette solo de l’Orchestre national de France, pour une master class gratuite. Mais le lieu s’instaure également en espace musical dédié aux jeunes interprètes libanais. Zeina Saleh Kayali raconte à l’Agenda culturel.

À part les master class, Beit Tabaris devient également un lieu de concerts?

Oui, c’est très intéressant parce que les choses se sont faites naturellement et de façon évidente. Les jeunes interprètes libanais de musique classique manquent si cruellement d’espace musical et de vie musicale que, sans se concerter (et même parfois sans se connaître!), ont contacté Beit Tabaris pour savoir s’ils pouvaient s’y produire. Avec Joseph Maroun et Danielle Geahchan, nous avons décidé qu’après tout cela faisait partie de la mission du lieu, et nous nous retrouvons avec une véritable petite saison musicale! Quatre concerts, puis la master class et son concert de clôture, le tout en moins d’un mois!

Beit Tabaris rémunère-t-il ces musiciens?

Nous leur offrons l’espace et l’organisation, mais, hélas, nous ne sommes pas encore assez solides financièrement (loin de là!) pour pouvoir payer des cachets aux musiciens. Or c’est essentiel, ils essayent de vivre de leur art et c’est terriblement difficile pour eux car ils se sentent ignorés et négligés du fait de la crise. Nous avons donc décidé d’appliquer le système du "chapeau" qui se fait beaucoup en Europe, mais pas encore au Liban (Beit Tabaris n’a pas peur d’innover!). Le public en sortant laisse un petit (ou grand!) montant, ou ne laisse rien du tout, il n’y a aucune obligation. Et la totalité de la recette est reversée aux musiciens.

Vous mettez toutefois une condition pour accueillir ces concerts?

Oui, qu’au moins (et vraiment c’est le minimum!) une œuvre du programme soit d’un compositeur libanais. Il est grand temps que nous commencions à nous apercevoir que nous avons un patrimoine musical national de grande qualité. Certains de nos compositeurs sont bien plus connus à l’étranger que dans leur pays! D’ailleurs, l’un des concerts (celui du 20 octobre par l’ensemble Les cordes résonnantes) est entièrement consacré aux œuvres des compositeurs libanais.

Que faut-il souhaiter à Beit Tabaris?

Pouvoir continuer à se développer, à trouver des partenaires (le nerf de la guerre!), devenir une véritable plaque tournante pour les musiciens libanais et un vrai lieu de formation pour les jeunes (et les moins jeunes!).

Pour en savoir plus et pour le programme, cliquez ici.

Cet article a été originalement publié sur le site de l’Agenda culturel.