Layla Dagher a participé à plusieurs expositions collectives ou en solo à Beyrouth, a également vu ses toiles exposées à Tokyo, Séoul et Paris. Ses peintures font partie de collections publiques et privées, notamment au ministère de la Culture à Beyrouth. L’artiste est par ailleurs professeure de beaux-arts à l’Université Notre-Dame (NDU). Elle est représentée par la galerie Art on 56th où elle expose en solo, jusqu’au 10 décembre, sa nouvelle collection intitulée Escapism, fruit de son labeur durant les dernières années.

"Cest à travers limagination que nous créons un passage de notre monde intérieur vers notre monde extérieur", affirme Layla Dagher. Quoi de plus beau, effectivement, que de se créer un cheminement personnel et imaginaire, qui aiderait tout un chacun à échapper à la dure réalité. Cette échappatoire, lartiste peintre de nationalité libanaise, diplômée avec honneurs de lAcadémie libanaise des beaux-arts, se l’est bel et bien appropriée à travers son œuvre. Elle crée sa réalité en imaginant une nature colorée, où arbres, troncs, branches et toutes sortes de végétation sont symboles de vie, despoir et de renouveau. La nature est cet univers qui nous offre une évasion, où la liberté émotionnelle et expressive est mise en œuvre.

L’être humain, par ailleurs, se trouve au centre du travail de l’artiste. On appréhende, à travers leurs positions solitaires, une multitude de conflits intérieurs. L’humain est confronté à ses peines, ses troubles, ses angoisses et ses inquiétudes. Les personnages sont emprisonnés dans leurs cages émotionnelles et ne réagissent pas toujours avec lenvironnement. Son travail, qui met donc en valeur les conflits internes et externes de l’être humain, est exprimé par les différentes couches de peinture, les textures, les lignes et les courbes, les multiples tonalités de couleurs et les monochromes. Tous ces contraires qui se retrouvent: nuances froides et chaudes, tonalités douces et fortes, harmonies de couleurs tendres ou intenses, transparence ou opacité nous rappellent la complexité de l’être humain et ses émotions extrêmes.

Chaque pièce est également une histoire en soi, où symboles et images multiples se confrontent sur une même toile pour créer une peinture qui raconte une vie… la Vie, dans un équilibre serein des formes et des couleurs.

On croirait au premier abord que les symboles sont dessinés aléatoirement. On ressent cependant, en regardant en profondeur, la maîtrise de la technique et l’émotion artistique réunies. On pénètre la toile pour y découvrir mille et une histoires enchevêtrées à travers le pinceau de l’artiste, mais on les comprend également avec une intuition, une émotion personnelle, au moment précis où l’on admire l’œuvre. La vie serait probablement une succession d’événements que chacun percevrait différemment, selon l’imagination et les sensations personnelles.

De même, une toile ne vit vraiment que lorsque sa créatrice aurait réussi à procurer à l’observateur ce moment d’évasion pure, pour qu’il se l’approprie et le revive à sa manière… le repeigne à sa manière. Des passages dans l’existence, des rêves et des moments de calme, l’évasion par excellence à travers des silences, des pensées profondes et de la méditation, la solitude et le retour vers soi, la connexion parfaite avec la nature, des morceaux de ciel, le parfum des fleurs, toutes les émotions cachées et les images enchevêtrées dans la psychologie humaine, se reflètent sur ces toiles, comme des images dans des images, des fenêtres dans des fenêtres où chaque peinture est aussi une multitude de peintures.

Une artiste ne peut créer cet instant de magie, où les formes et les couleurs prennent vie sur une toile, comme un monologue intérieur, consciemment ou inconsciemment, intuitivement ou spontanément, que lorsqu’elle réussit à être authentique dans son art. Un défi relevé avec grâce par Layla Dagher!

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