Charismatique, virtuose, chouchou du public, le danseur François Alu, qui a claqué la porte mercredi de l’Opéra de Paris quelques mois seulement après sa nomination d’étoile, a toujours assumé son côté décalé et rebelle.

Depuis un an, il est connu du grand public comme un des jurés de l’émission Danse avec les stars (DALS), reprenant la place de son idole, Patrick Dupond.
Il n’est pas rare qu’un danseur quitte la compagnie pour s’envoler vers d’autres cieux, mais c’est totalement inédit qu’une étoile parte sans avoir dansé le moindre rôle après avoir accédé au titre suprême.

Son départ, motivé par son désir de reprendre son " entière liberté professionnelle " et " réaliser pleinement (ses) aspirations artistiques ", reste une décision choc, même si son absence sur scène depuis sa nomination en avril suscitait beaucoup d’interrogations.

En raison de ses sauts athlétiques, sa fougue et sa présence scénique, ses fans le surnommaient " Alu-cinant " et réclamaient depuis des années qu’il soit nommé étoile. Le danseur n’a jamais caché son côté atypique – indiscipliné, diraient certains. À commencer par son physique : si les danseurs de l’Opéra sont plutôt reconnaissables à leurs silhouettes longilignes, Alu, lui, a du muscle. D’autres brillent par leur élégance, lui impressionne par ses tours en l’air.

" J’ai des cuisses assez développées, je voyais dès le début que je n’avais pas les jambes de mes potes ", confiait-il en 2018. À l’École de danse, où il a été admis en 2004, le danseur essuyait déjà des remarques l’invitant à se mettre au régime. Mais " c’est du muscle, on ne peut pas complètement changer sinon on arrête de manger.

Originaire de Fussy (centre de la France), il est encouragé à trois ans par sa mère, professeure de danse, à prendre un cours. " Seul garçon ", il est un peu Billy Elliot, sauf que le ballet ne l’attirait pas. " Pour moi, c’était s’accrocher à une barre et des filles en tutus. Je n’avais pas de copains, la musique ne me plaisait pas, je trouvais ça ennuyeux. "

Le coup de foudre se produit à 10 ans, lorsqu’il voit l’étoile française des années 80 Patrick Dupond " bondir dans tous les sens " dans un documentaire.

Après une ascension fulgurante au sein de la compagnie, il devient relativement peu distribué, avec une réputation d’être un peu le " bad boy de l’Opéra ". Il affirmait qu’il ne se voyait pas comme un " simple exécutant " des ballets. " J’aime bien déstructurer le mouvement… mais pas tout le temps. Il faut respecter l’œuvre ! ". Depuis quelques années, il multiplie les projets hors Opéra, notamment un seul en scène mêlant danse et théâtre qu’il fait encore tourner à travers la France, et surtout DALS.

Intéressé depuis longtemps par différents types de danse, il avait notamment affirmé, avec sa participation à l’émission à succès, son rêve de “potentiellement convertir des téléspectateurs en spectateurs”. Il y a quelques semaines, le nouveau directeur de la danse José Martinez avait affirmé que les 154 danseurs de la compagnie devaient donner la priorité à l’Opéra, tout en restant ouvert aux projets externes.

Dans un communiqué intitulé “le grand saut”, François Alu indiquait mercredi qu’il avait très envie de cinéma, de théâtre, de se “plonger dans l’écriture, la réalisation, la production et évidemment toujours de danser”. Le Figaro a qualifié son départ de “choix périlleux”, Alu n’étant pas connu à l’international comme l’était Sylvie Guillem (qui avait claqué la porte en 1989) ou Patrick Dupond, et qu’une émission comme DALS ne lui permettrait pas de maintenir sa carrière de danseur.