" Tous les chemins mènent à Rome ": un film de Lara Saba écrit par Joséphine Habchi, avec Chadi Haddad, Julia Kassar, Betty Taoutel, Mirna Moukarzel, Cynthia Karam et Ruba Zaarour, que lon prend un plaisir fou à voir et revoir au cinéma.

"Tous les chemins mènent à Rome", certes, mais le début du chemin commence à Beyrouth lorsque que Hadi, fameux acteur interprété par Chadi Haddad, qui a été présélectionné pour jouer le rôle du pape durant sa jeunesse, dans une production internationale, décide de prendre du recul et de faire une pause de sa vie agitée pour aller se ressourcer au nord du pays, dans la vallée de Qannoubine, avant de faire le voyage décisif à Rome. Durant ce pèlerinage, il rencontre quatre religieuses et une jeune femme qui le poussent à retrouver sa paix intérieure, grâce à leur convivialité, et à travers la nature et la beauté de la vie simple et sereine de la vallée de Qannoubine.

 

Le scénario, écrit avec beaucoup de finesse par la talentueuse Joséphine Habchi, met en scène des personnages auxquels on sattache et qui nous rappellent les caractères aimables et solidaires des Libanais, qui avancent dans la vie avec humour et chaleur humaine.

Les acteurs, qui vivent leurs personnages jusqu’au bout, font des prouesses devant la caméra. Si sœur Marie-Bernard, jouée avec brio par lexceptionnelle Betty Taoutel, nous fait éclater de rire par sa spontanéité et son exubérance, sœur Gaby, interprétée par la pétillante Mirna Moukarzel, nous entraîne dans un tango enflammé, entre deux neuvaines, devant licône de Saint-Michel qui surveille.

Cependant la mère supérieure, que l’inégalable Julia Kassar interprète, nous donne une leçon de vie et de sagesse, avec tendresse et humour. Quant à Cynthia Karam, qui joue "religieusement" le rôle de sœur Célestine, prude et pudique, nous emporte de sa voix angélique et à force de signes de croix vers un majestueux cantique à la Vierge.

Céline, la jeune femme, jouée par Ruba Zaarour, retrouve elle aussi son bonheur en s’éloignant d’un monde où une carrière à succès peut devenir nocive et malsaine. Elle découvre, entre autres, la magie d’une galette au kechek préparée par Samira. Cest dailleurs cette dernière qui bénit la romance naissante entre Hadi et Céline.

Josyane Boulos (alias Samira) nous offre une scène, aussi délicieuse que son kechek, en interprétant cette villageoise hilarante qui nous délecte de son dialecte nordique.

Cest un film comique et sympathique qui, le temps d’une heure et demie, nous fait oublier nos soucis et nous fait rire. Cest aussi un film profond qui remet en lumière les vraies valeurs humaines. Cest surtout un film qui nous montre la splendeur de notre pays, qui nous illumine par la magie de nos magnifiques paysages. Et quoi de plus formidable que la tranquillité et la spiritualité de la vallée de Qannoubine, pour mettre en scène ce décor divin?

Lara Saba, la réalisatrice de ce film, qui malgré les difficultés de financement dues à la crise économique et à la contrainte de se voir prendre également en charge la production, sest littéralement jetée à leau pour continuer le tournage en pleine pandémie et dans les pires circonstances. Elle a décidé de ne filmer nulle part ailleurs que dans la vallée sainte. Sage décision! La beauté du site et la spiritualité du décor ont en effet donné une valeur suprême à l’image. Des prises de vues exceptionnelles faites par le directeur de photographie Johnny Abi Fares, donnent à ce long métrage une teneur profonde et une émotion vive qui vont au-delà de l’humour et de la comédie.

Par ailleurs, la musique réalisée par Élie Maalouf est cette touche auditive qui ajoute de la poésie à l’image et de la douceur au rire. Un plaisir d’écoute qui émeut et fait sourire.

Un film libanais par excellence qui ne montre que la beauté et la sérénité de notre pays, malgré tout. Un film qui met du baume au cœur et de la bonne humeur. Toutes les routes mènent inéluctablement à Rome, reste à savoir par quel moyen Hadi pourra rencontrer Sa Sainteté, le pape!

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