Intitulée Elle, une exposition collective de treize artistes libanaises se déroule cette semaine, et jusqu’à la fin du mois de mars 2023, à la galerie Chaos, à Tabaris. Une exposition qui célèbre la femme artiste et lui fait honneur.

Elle est une exposition collective qui nous invite à admirer les œuvres de Ghislaine Chalhoub, Haifa Khodr, Hoda Baalbaki, Irene Ghanem, Jocelyne Ghannagé, Joyce Samaha, Karine Hochar, Laurette El Hallal, Lina Chammaa, May Ammoun, Mireille Merhej, Nayla Sirgi et Nevine Mattar.

Reconnue pour l’aisance de son expressionnisme abstrait, Irène Ghanem est une artiste libanaise, née à Beyrouth, et qui, bien qu’enfant de la guerre, défie les noirceurs de la vie à travers sa peinture joyeuse et fraîche. Cet appétit pour la vie, qui s’est développé́ depuis son plus jeune âge, est le pivot de l’art de la peintre. Elle délie son pinceau et dilue ses couleurs pour mettre en scène des compositions chargées d’ondes positives.

Diplômée de l’Académie libanaise des beaux-arts, et ayant participé́ à plusieurs expositions locales et internationales, Irène Ghanem se démarque par un style qui lui est particulier, faisant de ses toiles comme autant de miroirs de son âme.

L’artiste manie son pinceau comme une baguette magique qui rendrait l’univers plus beau, plus féérique. Elle reflète sa vision du monde à travers son spectre de couleurs vives. Elle ne se cache pas derrière sa palette. Bien au contraire, elle dévoile ses émotions avec authenticité. Son art est sa vérité.

Souvenirs de voyages ou évasions intérieures, elle pose ses couleurs par couches sereines et vibrantes. Elle se laisse saisir par l’émotion du moment pour nous permettre le bonheur de voguer sur le rêve de ses peintures.

S’inspirant de l’intérieur à la française de la maison maternelle, où les couleurs fortes se côtoient dans une ambiance chaleureuse rehaussée par de multiples bouquets de roses, l’artiste reproduit cette atmosphère sur ses toiles, de sorte qu’on peut presque en percevoir le parfum exquis.

Sur fond gris, elle fait ressortir des roses qui dansent en impressions semi-abstraites. Elle a aussi une prédilection pour le turquoise et le vert qu’elle marie en tonalités changeantes, inspirant la joie et la vie. Une toile d’Irène Ghanem, c’est comme une pilule de bonne humeur, un moment de bonheur qu’on peut revivre à l’infini.

Dans un autre angle de la galerie Chaos, se nichent les toiles vives et lumineuses de Jocelyne Ghannagé. Bien que juriste et professeur de droit à l’université, l’artiste en elle n’est jamais en reste. Ayant décroché un diplôme de peinture à l’Université libanaise des beaux-arts, Jocelyne Ghannagé ne cesse de participer à des expositions et des ateliers de dessin à Beyrouth et à Paris. Elle propose deux très belles toiles aux couleurs fauves et flamboyantes. Deux toiles qui font voyager vers un ailleurs parfois rêvé, parfois redouté.

Jocelyne Ghannagé nous parle avec ferveur de ce besoin de voyage qu’elle revendique sur l’une de ses toiles. Un moment de tiraillement entre le bateau qui voudrait quitter le port et la ville qui reste là, en arrière-plan, solide et présente. C’est un besoin d’évasion qui se manifeste également par l’expression semi-figurative de l’artiste. Elle se libère de toute convention et vogue, par ses courbes et ses lignes colorées, vers un ailleurs émotionnel et personnel. L’harmonie se fait en elle-même à travers les formes et les couleurs qui se fondent et se confondent, loin des normes académiques… ou même sociales.

Sur une autre toile, nous admirons les arbres que Jocelyne Ghannagé se plaît souvent à peindre. La nature est toujours présente. C’est ce moment de réalité et cette attraction vers la terre qui la poussent à reproduire ces paysages. Les arbres, par leur verticalité, formulent une tension longitudinale qui ressemble à une quête de spiritualité et d’élévation. En effet, ces branches qui s’étirent vers le haut ressemblent à des bras levés vers le ciel. Comme une prière ou un besoin d’ailleurs.

Une exposition qui fait plaisir, un moment de bonheur en couleurs et en fleurs que nous propose la galerie Chaos, comme un printemps qui s’annonce féminin et serein.

Zeina Nader

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