Dans la bande-annonce du film Kirac 27, réalisé par le collectif néerlandais KIRAC (Keeping It Real Art Critics), Michel Houellebecq apparaît torse nu, embrassant une jeune femme dans un lit. L’auteur considère que cette scène nuit à son image et le dépeint comme "une star du porno". Il a cherché à faire interdire la diffusion du film, en vain.

"Le tribunal néerlandais a rejeté la demande de Houellebecq visant à faire interdire le film Kirac 27, tout comme il le condamne à payer les frais de procédure, estimés à ce jour à 1.393 euros", a déclaré le juge des référés du tribunal d’Amsterdam. "Il est incompréhensible que Houellebecq ait participé aux enregistrements s’il trouvait le contrat vraiment problématique", a-t-il expliqué dans un jugement écrit.

Michel Houellebecq aurait déclaré que le contrat qu’il a signé le mettait "à la merci" de M. Ruitenbeek. Il a également affirmé qu’il était "fatigué et avait bu du vin avant de signer le contrat" pour soutenir l’idée qu’il n’était pas en mesure de donner son consentement éclairé pour sa participation au film. Ce revirement venant de l’auteur sulfureux qui n’ a pas froid aux yeux est pour le moins étonnant. En tous cas, la décision du tribunal néerlandais de rejeter sa requête indique qu’il n’a pas été en mesure de prouver que le film violait ses droits ou sa réputation de manière significative et ceci est fort compréhensible.

L’écrivain aurait été offusqué par les propos tenus par M. Ruitenbeek, dans une interview accordée au site d’information Vice en février, dans laquelle il a déclaré que M. Houellebecq était "vraiment bon au lit". Le juge néerlandais a estimé que même si le contrat était "loin d’être équilibré" et accordait au réalisateur des droits étendus, il n’était pas pour autant illégal.

Si Houellebecq n’a pas été en mesure de négocier des termes plus favorables dans le contrat, il aurait peut-être dû réfléchir à deux fois avant de participer au film. Le jugement du tribunal néerlandais indique qu’il n’a pas été convaincu que la fatigue, l’alcool ou la dépression de Houellebecq ont eu un impact sur sa capacité à prendre une décision éclairée.

L’auteur a, par ailleurs, qualifié le jugement de "très décevant" et "envisage sérieusement" de faire appel, a affirmé son avocate néerlandaise, Jacqueline Schaap.

Selon le jugement, l’aventure a commencé lors d’un dîner à Paris en novembre 2022, lorsque la femme de l’écrivain a confié au réalisateur néerlandais Stefan Ruitenbeek que son époux souhaitait "faire un film porno pour contrer sa morosité"! M. Ruitenbeek a par la suite filmé M. Houellebecq, à Paris, couchant avec une collaboratrice du réalisateur, Jini van Rooijen, étudiante en philosophie. L’auteur et son épouse s’étaient rendus par la suite à Amsterdam où ils ont signé un contrat pour le film. "Je lui ai dit que je connaissais plein de filles à Amsterdam prêtes à avoir des relations sexuelles avec un écrivain célèbre par curiosité, et que j’organiserais l’hôtel pour lui si j’avais la permission de tout filmer", affirme M. Ruitenbeek.

Il est intéressant de noter que Michel Houellebecq a également perdu une action en justice similaire devant un tribunal français en février. Les tribunaux ont considéré clairement que le fait de signer un contrat et de participer volontairement à un film peut être considéré comme un consentement tacite à l’utilisation de son image.

Cela dit, le fait que le réalisateur se félicite du résultat et affirme "avoir eu l’intention de faire un portrait intègre" (Sic) suggère que le film ne porte pas atteinte à la réputation de Houellebecq de manière significative.
Il est clair que Houellebecq adore faire dans la provocation et puis honnêtement, le voir dans son plus simple appareil ne doit certainement pas être un régal pour les spectateurs.
Affaire à suivre…

Bélinda Ibrahim Avec AFP