"L’homme doit s’appuyer sur le passé et tendre vers l’avenir", nous dit Henri Bergson. De ce siècle dernier où notre pays a connu diverses occupations, la famine, des guerres et des misères, nous allons retenir l’édification d’une nation, son impact sur le monde, son rayonnement culturel et sa formidable vitalité. Mois par mois, un peu de ces petites lucioles d’hier pour éclairer notre chemin vers demain.

Certainement que l’un des événements les plus marquants du début du XXe siècle au Liban a été la Foire Internationale qui a réuni en avril 1921 plus de 1200 exposants à la place des Canons. Organisée par la puissance mandataire française, cette manifestation avait pour but de relancer la culture et le commerce au Liban après l’épisode tragique de la Première Guerre mondiale. La ville pavoise avec des visiteurs venus de tout le Liban et des pays avoisinants, et la partie sud de la rue Allenby est baptisée Maarad pour avoir abrité les stands. On s’ouvre aussi au monde côté communication avec, en avril 1946, la passation des Postes et Télégraphes à l’armée libanaise. Et en 1952, le Liban peut communiquer avec l’Europe via le téléphone dans un grand pas vers le modernisme. En avril 1962, le Liban devient le premier pays du Moyen-Orient doté d’un télex. Comment ne pas évoquer l’inauguration de l’aéroport de Khaldé fin prêt en avril 1954 à accueillir les touristes et les émigrés? Sur plus de 25.000 m2, sept étages, avec trois restaurants et six bars, l’aéroport peut recevoir plus de 500.000 passagers par an et pas moins de 150 à 200 avions par jour. Le 9 avril 1961, la première fusée libanaise sera lancée d’une forêt du Metn. Ce sera le début d’une formidable aventure initiée par Manoug Manouguian et ses élèves du collège Haigazian.  La Lebanese Rocket Society enregistrera des succès bien précis avant que son élan soit stoppé net pour des considérations politiques. Le Grand Beyrouth verra officiellement le jour en avril 1961 et s’étendra de Nahr el-Kalb à Naamé.

Le 8 avril 1915, le wali de Beyrouth, Azmi Bey, débute la destruction des vieux souks considérés comme insalubres. L’idée est aussi d’élargir les artères afin de moderniser la ville. Durant ces travaux, une église byzantine est découverte et une des portes de la ville intramuros, Bab el-Derké, sera sacrifiée. Toujours au centre-ville, le 24 avril 1960, les statues des Martyrs sont installées sur leur socle. Le monument signé par l’Italien Mazzacurati sera inauguré en mai, mais les Libanais sont assez surpris de voir les physionomies des quatre statues plus "européennes que libanaises". Plus tard, à la faveur d’une accalmie en avril 1977, des fouilles entreprises dans les secteurs les plus endommagés ont permis de dégager des colonnes et des chapiteaux romains, des jarres contenant des bijoux et de nombreux objets qui témoignent, s’il fallait encore le souligner, de l’extraordinaire richesse du sous-sol de Beyrouth. Mais les fouilles sont restées limitées pour ne pas retarder la relance de la vie économique que les Libanais attendaient impatiemment pensant que leur calvaire était bel et bien fini.

Côté art, le chef de l’État Béchara el-Khoury inaugure le 15 avril 1947 le Salon des artistes libanais qui présente des œuvres des peintres Farroukh, Ounsi, Douaihy, Gemayel, Gibran, Saliba et Corm. Le 5 avril 1957, Perspectives, une nouvelle galerie d’art, ouvre ses portes avec une exposition de 25 peintures et aquarelles de Georges Cyr. De retour d’un séjour en Afrique occidentale, Aref Rayess expose en avril 1958 ses toiles inspirées de l’exotisme africain. En 1958 toujours, le 28 avril César Gemayel nous quitte. Ce peintre passionné était un des instigateurs de l’Académie libanaise des beaux-arts. En avril 1959, le jeune peintre et sculpteur Michel el-Mir expose à la galerie La Licorne et le village de Rachana, fief des frères Basbous, reçoit des centaines de visiteurs venus admirer le musée en plein air et les fameuses sculptures. En avril 1962, l’art a trouvé toute sa place au Liban et ce sont plus de 100 peintres et sculpteurs qui exposent au 9e Salon officiel du printemps à l’hôtel Carlton. Le 14 avril 1964, et grâce à une initiative de Camille Aboussouan, l’événement artistique est de taille avec 65 sculptures de Rodin ainsi que 61 dessins et aquarelles qui sortent de France pour la première fois et font le voyage jusqu’au musée Sursock pour une exposition exceptionnelle. En avril 1964, le pavillon du Liban à la Foire Internationale de New York, conçu par Assem Salam, Pierre el-Khoury, Michel Harmouche et Sami el-Khazen, remporte un énorme succès et un prix de récompense. En avril 1965, Alfred Basbous remporte le premier prix de la biennale de la sculpture. Le 12 avril 1966, l’École libanaise des beaux-arts inaugure ses cours à Bab Edriss avec une centaine d’étudiants en architecture, arts décoratifs, peinture et art dramatique. Le 29 avril 1969, Saïd Akl présente à la galerie L’Amateur ses totems et ses arabesques. Un jeune caricaturiste, Stavro Jabra, fait parler de lui le 29 avril 1971 avec les portraits de 100 personnalités exposées au Phoenicia. Dans les années 70, et dans une initiative originale, les banques ouvrent leurs portes aux artistes et accueillent de nombreuses expositions. En avril 1988, la galerie Bekhazi présente les dernières œuvres de Cici Sursock et Hrair expose chez Épreuve d’artiste.

Le monde perd le 10 avril 1931 Gibran Khalil Gibran, des suites d’une longue maladie. Un des plus grands écrivains, poètes et peintres mourra à New York, mais son livre Le Prophète reste, près de 100 ans après sa mort, un des livres phares au panthéon de la littérature. Venu assister en avril 1950 à l’inauguration de la stèle dédiée à Ernest Sarloutte, ancien supérieur du Collège Saint-Joseph des Lazaristes, Pierre Benoît rendra un hommage appuyé à ce grand bienfaiteur qu’il aura bien connu. L’amphithéâtre de l’Institut des lettres orientales sera animé en avril 1955 par une série de conférences données par Taha Hussein, François Debbané, Ernest Teilhac, Élie Gannagé, René Habachi et Sobhi Mahmassani. Le dernier roman de Farjallah Haïk parait en avril 1957. Joumana, écrit en français, se situe dans le Liban de l’après-guerre mondiale. Une référence. En avril 1963, une exposition à l’École supérieure des lettres de Beyrouth regroupe des livres, des lettres, des photos qui attestent de la relation étroite entre Maurice Barrès et le Liban. Au même moment se déroule à Beyrouth un colloque de la traduction de la Commission internationale pour la traduction des chefs-d’œuvre en présence de plusieurs orientalistes venus du monde entier et des membres de la Commission qui sont entre autres Edmond Rabbath, Fouad Ephrem Boustany, Abdallah Machnouk et Michel Asmar. À l’occasion du 33e centenaire de la découverte du premier texte alphabétique sur le sarcophage d’Ahiram, le conseil municipal de Jbeil organise en avril 1969 un Festival de l’alphabet et de l’art graphique avec le concours du musée Gutenberg qui fête aussi le 5e centenaire de l’inventeur de l’imprimerie. Le 14 avril 1971, Vénus Khoury signe à Dar el-Fan son premier roman, Les Inadaptés, paru aux éditions du Rocher.

Tania Hadjithomas Mehanna

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