Aux yeux du monde entier, la femme libanaise était le symbole de l’élégance et du raffinement. On nous enviait notre charme et notre bon goût, notre style naturel, élégant, simple, mais pas banal, et toujours dans l’air du temps. Décennie après décennie, l’outrance et l’extravagance ont remplacé le chic et le minimalisme chez la Libanaise. Il suffit de regarder autour de soi pour remarquer les vêtements trop moulants, les décolletés trop profonds, les ongles trop longs, ou trop pailletés, les corps et les visages déformés par la chirurgie esthétique, l’effet tape-à-l’œil des marques affichées… Pourquoi le manque de distinction est-il à son apogée au Liban?

L’obsession de la beauté et de l’apparence physique chez la femme libanaise est ancrée dans un système patriarcal, qui engendre une panoplie de normes dans l’optique du mariage, institution primordiale au Liban. Dans le cadre de la recherche d’un époux, les femmes libanaises se livrent à des jeux de séduction qui passent par l’apparence physique. Les filles se maquillent et s’habillent d’une façon provocante pour plaire. Elles assurent assez tôt une démarche hyper sexualisée, renforcée par des éléments physiques: faux ongles,  cheveux lissés, talons hauts, faux cils, etc. Les Libanaises recourent à la chirurgie esthétique et subissent toutes sortes de transformations physiques dans le but de s’approcher d’un idéal de beauté, qui n’est lui-même pas naturel.

Le Liban de l’après-guerre est caractérisé par un nouvel acteur, les nouveaux-riches. Dans son ascension sociale, ce groupe cherche à ressembler à une certaine classe, à affirmer sa valeur, à appartenir à un monde. Dans une société dans laquelle la fast-fashion, accessible à tous, copie si bien les modèles des grandes marques, il faut trouver une alternative pour montrer qu’on n’appartient justement pas à cette classe. Dans une course à la visibilité et un gonflement de l’ego, on affiche des logos surdimensionnés sur les t-shirts, chemises et sacs pour prouver leur authenticité, quitte à se transformer en panneau publicitaire. Dans leur délire, les nouveaux-riches du Liban ont oublié que la véritable élégance réside dans la discrétion.

Les "célébrités du web" ont énormément d’influence, notamment sur la jeune population qui les idéalise et se construit à travers eux. Mais la génération Z du Liban a-t-elle assez de maturité pour faire la différence entre bonne et mauvaise influence? Résille, latex, décolleté vertigineux… Les influenceuses qui, pour la plupart, ne connaissaient rien à la mode et ont construit leur notoriété sur les réseaux, affichent leur féminité et aiment porter des tenues ultra-suggestives. Des codes vestimentaires sulfureux que les jeunes Libanaises copient les yeux fermés.

De plus, on assiste au Liban à une culture historique du "casual sportswear" qui justifie le port généralisé du jogging, même au bureau! Sortir dans la rue dans la tenue qu’on porte pour faire du sport… Je veux bien être tolérante, mais il y a des limites!