Le Palais de Tokyo, audacieux sanctuaire du street art depuis une décennie, dévoile une exploration artistique inédite à partir du jeudi 15 juin à Paris. Cette grande messe de l’art urbain offre une relecture profonde et rafraîchissante du graffiti, célébrant ses interactions dynamiques avec l’art contemporain. Baptisée La Morsure des Termites, cette exposition fait écho à l’ouvrage de l’écrivain italien Italo Calvino sur les cités, soulignant l’impact subtil mais perpétuel de l’art urbain sur les métropoles modernes, à l’image du travail incessant des termites.

Dans un décor audacieusement construit en bois, reproduisant de manière architecturale le "S" cher aux pionniers graffeurs américains, se déploie une exposition éblouissante. Des trognons de pommes géants, des sculptures inspirées des débris des terrains vagues cohabitent avec des peintures monumentales, des costumes déconcertants, des installations vidéos, des dessins et des panneaux d’écriture. Ce riche ensemble artistique est l’œuvre d’une soixantaine d’artistes internationaux, couvrant plusieurs décennies de la scène graffiti, des années 60 à nos jours.

L’exposition dessine avec habileté le parcours esthétique, culturel et politique des graffeurs, des figures historiques comme Zlotykamien en France ou Chaz Bojorquez, patriarche de la culture des gangs latino-américains des années 60, jusqu’au contemporain Antwan Horfée de Paris ou au jeune collectif féministe Douceur Extrême. Elle accorde une place de choix à Rammellzee, icône du graffiti américain des années 80 et muse de Basquiat.

"Cette exposition révèle les connexions artistiques dans une zone grise", là où le graffiti et l’art contemporain se croisent, s’influencent et fusionnent sans qu’il soit possible de tracer une ligne de démarcation formelle entre eux, explique le commissaire de l’exposition, Hugo Vitrani. "Leurs vocabulaires et leurs obsessions convergent autour d’un sujet commun: leur relation à la rue et à l’espace public."

L’exposition rend également hommage aux femmes artistes. La célèbre photographe Martha Cooper est exposée aux côtés de Valie Export, éminente performeuse de la scène viennoise des années 70. Les visiteurs peuvent aussi découvrir l’histoire fascinante de la première œuvre de l’artiste française Sophie Calle, taguée la veille de son exposition aux États-Unis et conservée en l’état, ainsi que Tania Mouraud, pionnière de l’art urbain en France.

De plus, une série de revues, d’ouvrages et de documents rares vient enrichir l’exposition, retraçant l’histoire passionnante de l’art urbain à travers continents, pays et époques.

Avec AFP.

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