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Dans les amphithéâtres de l’Université de Gand, les étudiants se penchent désormais sur une mégastar contemporaine, Taylor Swift, pour explorer les nuances littéraires de ses textes. Ils tracent des parallèles avec des ouvrages classiques, du chef-d’œuvre Gatsby le Magnifique à l’intrigante œuvre des sœurs Brontë.

Le cerveau derrière cette approche pédagogique innovante, Elly McCausland, voit en Swift bien plus qu’une simple icône pop. Professeur assistante à l’Université, elle considère les paroles de Swift comme des portes ouvertes vers les grands classiques de la littérature anglo-saxonne. Des titres comme The Man sont utilisés pour disséquer des thèmes profonds tels que le féminisme. De même, Anti-Hero , extrait de son album de 2022, Midnights, sert de rampe de lancement pour aborder la notion d’antihéros.

McCausland n’est pas étrangère à l’univers de Swift. Fan de la première heure, elle a conçu ce programme d’études après avoir été particulièrement marquée par The Great War. Cette chanson, par ses métaphores, lui a rappelé le troublant poème Daddy de Sylvia Plath.

Mais McCausland est prompte à clarifier son intention: rendre la littérature accessible et non pas transformer l’université en sanctuaire pour Swifties. "La littérature anglaise ne doit pas être perçue comme une pile de vieux ouvrages relégués aux oubliettes d’une bibliothèque. Elle est vivante, vibrante et en constante évolution", insiste-t-elle.

L’Université de Gand, en plongeant dans les textes de Swift, espère initier les étudiants à des géants littéraires comme Shakespeare, Brontë et Chaucer. Les chansons de la chanteuse sont truffées de clins d’œil à des auteurs tels que Dickens et Dickinson, et évoquent les tonalités des poètes romantiques britanniques du début du dix-neuvième siècle.

Ce n’est pas la première fois que l’intérêt littéraire de Swift est souligné. Dans une conversation, en 2020, avec le légendaire Beatle Paul McCartney, elle a partagé sa passion pour la lecture, notamment le Rebecca de Daphné du Maurier.

Alors que le cours a suscité un grand enthousiasme, avec des demandes d’inscription parvenant même via Instagram, il n’est pas exempt de critiques. Certains s’interrogent sur la pertinence d’intégrer une pop star dans un cursus universitaire. Cependant, McCausland rappelle la controverse autour du prix Nobel de littérature décerné à Bob Dylan en 2016, un autre artiste bourré de références littéraires.

Cette initiative survient à un moment phare de la carrière de Swift, avec son "Eras Tour" qui pourrait franchir la barre emblématique du milliard de dollars de recettes. Elle a également détrôné Barbra Streisand en termes d’albums en première place des ventes.

Si le cours de McCausland est pionnier en Europe, des initiatives similaires ont vu le jour aux États-Unis et au Royaume-Uni. Des établissements prestigieux comme le Clive Davis Institute de New York et l’Université Queen Mary de Londres ont également reconnu l’empreinte littéraire de Swift.

Cette fusion entre la pop culture et les études littéraires traditionnelles pourrait bien annoncer un tournant académique majeur, où les frontières entre ces deux mondes commencent à s’estomper.

Avec AFP