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Je suis la maman du bourreau au théâtre La Pépinière à Paris est un seul en scène, adaptation du roman de David Lelait-Helo, mettant en lumière Clémentine Célarié. Dans un rôle bouleversant, l’actrice incarne le personnage d’une mère confrontée à ses interrogations et ses effondrements. La pièce se joue jusqu’au 4 mai 2024.

Créée à Avignon l’été dernier, la pièce Je suis la maman du bourreau, est présentée au théâtre La Pépinière à Paris. Il s’agit de l’adaptation du roman à succès de David Lelait-Helo (prix Claude Chabrol 2022). Clémentine Célarié, qui joue le rôle-titre de Gabrielle de Miremont, a également adapté et mis en scène l’œuvre. Après le succès de son interprétation dans Une vie de Guy de Maupassant en 2019, où elle a démontré une maîtrise technique et une capacité à se mettre à nu, Clémentine Célarié revient sur scène.

Dans une scénographie épurée, éclairée par une bougie, elle navigue entre différents états émotionnels, dialoguant avec le journaliste, la victime de son fils et l’affreux monstre. Vêtue d’un pull rose et d’un collier de perles, elle incarne tous les rêves, toutes les aspirations, toute la douleur d’une mère redevenant femme, dépouillée de son essence même. "Tout ce qui est arrivé ces derniers mois a balayé l’édifice imposant que j’étais, a raviné jusqu’aux fondations de mon être." Adossée à sa chaise, assise sur son lit, par terre, debout ou à genoux, elle livre son histoire poignante: elle aimait un ange, mais il était le diable. Lorsque Gabrielle découvre la cruelle vérité sur son fils adoré, il est déjà trop tard. Sous la carapace de cette femme endurcie, éclate le cœur d’une mère, brisé en mille morceaux. Survivra-t-elle à ce choc? Enterrera-t-elle son amour maternel? Dans quelle catégorie se classera-t-elle? Celle de la trahie ou de la coupable? Oscillant, telle la flamme de la bougie qui l’éclaire, Gabrielle tente de se retrouver. À quel moment a-t-elle pu se tromper? Quelle aurait été la juste mesure de l’amour maternel? Existerait-il une mesure juste? Que reste-t-il du rôle de la mère, lorsque son amour inconditionnel est trahi, lorsque sa fierté est souillée? Comment n’a-t-elle pas vu venir l’irréparable? Le texte plonge le spectateur dans les méandres de l’âme humaine, où espoir et désillusions se confrontent.

La femme que l’actrice incarne est à la fois aveuglée par l’amour maternel, dès l’instant de la conception de son fils et lucide face à la réalité abominable. Clémentine Célarié captive la scène et le spectateur par la finesse de son jeu et l’intensité de son émotion, pendant plus d’une heure.

Instagram: @mariechristine.tayah