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Betty Taoutel fait son grand retour au théâtre Tournesol après quatre ans d’absence, marquant l’occasion avec éclat (et des bouffées de chaleur) … pour s’octroyer une pause. Entre ironie du sort et autodérision, l’actrice, auteure et metteuse en scène, puise constamment son inspiration dans l’actualité libanaise pour créer ses pièces.

Contrainte d’interrompre brusquement la pièce qu’elle avait préparée avec soin et dans laquelle elle s’était pleinement engagée, Couloir El Faraj, en 2020, face à la conjonction d’une crise économique et sanitaire, aggravée par l’explosion du 4 août, Betty Taoutel a été submergée par le désarroi, sombrant dans une sorte de dépression.

Elle avait quitté la scène du théâtre Tournesol en mars 2020, pour y faire un retour solidaire en mars 2024, après l’incendie de ce lieu.

"N’avons-nous pas besoin d’un temps de réflexion pour aborder les mots avec délicatesse?", se questionne-t-elle. Disparue de la scène, elle choisit de traiter cette "absence" dans une nouvelle œuvre.

Elle opte pour une retraite solitaire afin de trouver la sérénité. Elle transpose les péripéties de ce retrait dans une maison de montagne libanaise.

Avec son humour étincelant et ses expressions si chères à nos cœurs, Betty Taoutel revient pour nous toucher et nous divertir, éclairant avec finesse les tribulations d’une épouse cinquantenaire souvent mal comprise. Cette femme qui se démène du lever au coucher pour le bonheur de ses enfants et le bien-être de son époux.

Elle éteint son téléphone et le précipite dans les toilettes, cherchant à se couper du monde extérieur de manière définitive, dans un refuge montagnard offert par une amie pour dix jours.

Elle s’abandonne au vin et à la musique, tentant d’effacer ses soucis et de se retrouver durant ces dix jours de pause. Cependant, ni les alertes de son téléphone ni les sonneries à sa porte ne lui permettront de trouver cette tranquillité escomptée.

Avec le Dr Jacques Mokhbat incarnant un rôle de perturbateur à la fois humoristique et émouvant, ce tandem dynamique navigue entre rires et réflexions profondes, habilement relatées par le talent dramatique de l’auteure.

Les pinces à linge et le fer à repasser se transforment en symboles puissants, valorisés à travers des métaphores illustrant la vie quotidienne de la femme au foyer.

Dans le contexte de la ménopause, qui modifie la silhouette et provoque des sueurs, chaque femme peut se reconnaître dans ce personnage qui, avec audace, répond à ceux qui osent la juger parce qu’elle ne trouve pas le temps pour la salle de sport ou parce qu’elle s’acharne à continuer de travailler à domicile, en poursuivant une carrière active.

Tiraillée entre l’envie d’abandonner et celle de révéler la vraie femme qui sommeille en elle, malgré un déluge d’hormones et un amour maternel inébranlable, l’actrice embrasse son rôle avec une énergie et un dynamisme contagieux, sur les planches d’un théâtre où elle a toujours brillé et où elle a cru en son rêve.

Cette pièce offre non seulement une échappatoire et un moment de plaisir, mais représente également une initiative louable au profit de la Société libanaise du Sida, une cause qui tient particulièrement à cœur au Dr Jacques Mokhbat, son fondateur et président, qui dédie son art à cette cause depuis des années.

Par ailleurs, la représentation soutient également plusieurs associations libanaises. Forte du succès de ses premières représentations, Mono Pause sera prolongée au mois d’avril. Prenez donc le temps de faire une pause!

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