La salle du théâtre Le Monnot affichait complet pour la première de Zaradacht sara kalban, une œuvre composée de quatre courtes pièces écrites par Raymond Gebara pendant la guerre civile libanaise. Cette création, mise en scène par Antoine Achkar, explore avec un humour grinçant et provocateur les thèmes de la servilité et de la peur face aux autorités religieuses et militaires.

À travers une trame qui gravite autour de la déshumanisation engendrée par ces rapports de soumission, Gebara pousse le sarcasme à son paroxysme, jusqu’à en devenir dérangeant. Il nous rappelle ainsi combien la nature humaine peut être acculée dans des situations extrêmes. Un propos qui résonne encore aujourd’hui et qui a séduit, en ce soir de première, réalisateurs, metteurs en scène, journalistes et spectateurs. Tous semblent y voir une invitation à une prise de conscience salutaire.

Zaradacht sara kalban relate, en trois tableaux, la nature humaine humiliée par toutes sortes de lois absurdes. Le fil conducteur est un homme, interprété par Antoine Achkar lui-même, qui communique avec sa grand-mère défunte, au ciel. Il lui confie ses souffrances et celles de ses semblables sur cette terre, en particulier pendant la guerre civile libanaise, une période où toutes les valeurs volent en éclat.

La pièce s’ouvre sur une note d’humour, avec les comédiens Salma Chalabi, Samer Sarkis, Miran Malaeb et Joseph Sassine, promettant au public une soirée mémorable qui leur permettra d’oublier leurs tracas quotidiens. Un pari réussi, dirait peut-être Raymond Gebara, non sans une certaine amertume, tant l’histoire semble se répéter inlassablement pour le Liban.

La mise en scène d’Antoine Achkar sert avec brio le texte de Gebara, soulignant l’absurdité et la cruauté des situations dépeintes. Les comédiens, par leur jeu intense et leur présence scénique, donnent vie à des personnages à la fois risibles et pathétiques, reflets d’une humanité en souffrance.

Zaradacht sara kalban est un spectacle qui interpelle et bouscule, un miroir tendu à une société libanaise meurtrie par les conflits et les abus de pouvoir. En choisissant de monter cette pièce aujourd’hui, Antoine Achkar et sa troupe rappellent la nécessité de l’art comme outil de réflexion et de résistance face à l’oppression.

Un spectacle à ne pas manquer, pour tous ceux qui croient en la force du théâtre pour éveiller les consciences et susciter le débat. Zaradacht sara kalban est à l’affiche du théâtre Le Monnot jusqu’au 27 mars, du lundi au dimanche à 20h30. Les billets sont disponibles sur Antoine online ou directement au théâtre Le Monnot. Une expérience théâtrale intense et nécessaire, portée par des artistes engagés et talentueux.