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Les projets de diplômes de l’Université libanaise au théâtre Le Monnot s’avèrent un succès. Parmi ces jeunes talents prometteurs et dans le cadre de ces spectacles de diplôme, Garcess Kanaan a récemment présenté sa pièce, The Father, une adaptation d’August Strindberg.

Garcess Kanaan, diplômé de l’USJ en gestion et management, a réalisé son projet de diplôme de l’Université libanaise en théâtre après des années de travail acharné. Il a donc mis en scène la pièce The Father d’August Strindberg au théâtre Le Monnot, sous la supervision de Julia Kassar.

Cette pièce s’inscrit dans le cadre des projets de diplôme de l’Université libanaise, présentés dans un cadre professionnel à l’ACT. La directrice artistique du théâtre Le Monnot, Josyane Boulos, soutient que le théâtre se veut "un espace pour tous, offrant ainsi une plateforme accessible aux jeunes talents". La pièce The Father, vue par Garcess Kanaan, met en place la détermination de la jeunesse à se frayer un chemin artistique. Talent et persévérance font face au trac pour présenter un projet bien ficelé et porteur de messages.

Les spectateurs entrent dans un espace éclairé où les acteurs sont déjà sur scène, figés dans un tableau panoramique. "J’ai décidé de garder l’époque de 1887", dit Garcess Kanaan, "pour montrer que les femmes étaient plus fortes que les hommes, surtout que les tests d’ADN n’existaient pas à cette époque-là". La scène s’éclaire progressivement et les costumes de Béchara Atallah donnent aux acteurs une personnalité et des couleurs dès leurs premiers mots.

Le texte, adapté en libanais, est puissant et reflète les sentiments étouffés des couples. Les non-dits apparaissent dans un crescendo émotionnel, soulignant le contraste entre homme et femme, surtout que la petite fille prend la défense de sa mère. "Solidarité féminine", dirait-on.

Pour la direction d’acteurs, Garcess Kanaan affirme: "J’ai décidé de concrétiser ma vision à travers le réalisme en me basant sur la méthode Stanislavski qui révèle les émotions sincères." "Ma vision consistait à montrer comment les femmes, unies, ont le pouvoir de détruire n’importe quel homme", explique-t-il. "C’est ce que Laura fait, elle manipule toutes les femmes de cette maison: l’infirmière et sa fille. L’homme se retrouve seul, impuissant face à trois femmes. J’ai donc conçu l’affiche pour représenter le capitaine comme une marionnette entre trois femmes", poursuit-il.

Pourquoi avoir adapté cette pièce? "The Father a trouvé un écho en moi. Ce qui m’a touché, c’est qu’un homme puisse être faible et exprimer ses émotions. Il a le droit de pleurer ou d’aimer. En tant que Libanais, surtout dans mon environnement, le cliché de l’homme fort existe toujours. Pleurer est une honte. Même en regardant un film avec mes parents, je contrôle mes émotions car ils pourraient se moquer de moi en tant qu’homme. De plus, la fille dans cette maison sombre dans la folie. Elle ne peut pas décider de son avenir à cause de l’égoïsme de ses parents. J’ai vécu une expérience similaire quand j’ai fini l’école et voulu décider de ma carrière. Ils ont refusé mon premier choix et j’ai dû faire d’autres études. Enfin, je suis féministe. Je voulais que la femme atteigne ses objectifs dans la pièce, mais j’étais contre les moyens qu’elle a utilisés pour le faire. Cependant, j’ai admiré la force de Laura, surtout en 1887, lorsque les femmes étaient vues comme des servantes auprès de leurs maris".

La méticulosité, le choix des mots, le sens du détail et le goût de l’esthétique sont frappants dans l’œuvre de Garcess Kanaan. Dans son élan brut, il va au-delà des créations des metteurs en scène "affranchis". Il rappelle sans doute la célèbre citation de Corneille dans Le Cid: "Mes pareils à deux fois ne se font point connaître. Et pour leurs coups d’essai, veulent des coups de maître".

Les spectacles de fin d’études des étudiants en théâtre de l’Université libanaise se déroulent en juillet, à différentes dates, à l’ACT du théâtre Le Monnot. L’entrée est gratuite.

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