C’est quoi ces abeilles, les filles? Après être tombées sur une publication des plus intrigantes sur Instagram, nous sommes allées rendre visite au café B.Hive à Hamra, repaire incontesté des étudiants de LAU, pour leur en demander plus sur ce projet NFT. Rencontre avec Karim Saadeh, manager de @thebhivenft. 

Les grandes lignes du projet. 

La clientèle du café était déjà un terrain fertile aux thématiques de finance, stratégie et tech, et donc plus ou moins sensibilisée aux enjeux des cryptomonnaies, de la blockchain, et des fameux NFT. En effet, pour les fondateurs, l’objectif et l’idée générale sont réellement fondés sur l’existence d’une communauté préalablement établie à B.Hive. Cette communauté est notamment composée d’étudiants universitaires ou déjà diplômés, mais également d’hommes et de femmes d’affaires qui viennent ici pour travailler, rencontrer, échanger, et se détendre. "Ce que nous voulons faire, c’est faire passer cette même communauté dans le monde virtuel. Nous sommes tous convaincus qu’il arrive très bientôt, et surtout très vit ". Les fondateurs de cette initiative à B.Hive entendent être les tout premiers pionniers au Liban. L’objectif final, c’est de construire un véritable ensemble social. Selon Karim, la force d’un NFT spécifique dépend vraiment de la communauté qui gravite autour de lui. Pour l’équipe de B.Hive, le but suprême est d’arriver à construire une grande communauté dans laquelle les individus et les sous-communautés qui sont déjà là peuvent interagir, coexister, profiter les uns des autres, tout en gardant leur identité propre. B.Hive accentue ce soutien communautaire en organisant des conférences, des workshops, des discussions au B.Hive Café à Hamra, et sur Twitter, Instagram, Discord.

Des ruches dans le metaverse.

Dans la continuité de ce cycle de conférences sur la façon dont la blockchain, les cryptomonnaies et les NFT sont interconnectés, et de la création des 5000 NFT Bizzy Beez, B.Hive cherche à s’implanter directement dans le metaverse. Le projet est divisé en trois lots, trois terrains, trois ruches, qui ont chacune une utilité spécifique. Ces terrains de 90 m2 ont été achetés en cryptomonnaie sur la plateforme Sandbox, qui permet l’achat de relativement grandes surfaces, à défaut d’avoir un graphisme à la hauteur de Decentraland (la plus connue). La première ruche est orientée vers les entretiens, conférences, événements, expositions dans le metaverse, avec la possibilité de louer cet espace pour la communauté qui a besoin d’espace. C’est aussi une sorte de revenu, dirigé par la communauté. En effet, 20 % des bénéfices de ce projet sont versés directement dans un portefeuille communautaire pour les DAO (Decentralized Autonomous Organization), la prise de décision, le financement du prochain projet, etc.  La deuxième ruche a vocation à être le centre social, avec des évènements de speed dating, des tournois d’échecs, des projections de films. Enfin, la troisième ruche sera divisée en petites salles de réunion et un espace de co-working.

Un tremplin professionnel. 

"Avec les NFT, nous voulons maximiser l’efficacité avec laquelle les gens peuvent se connecter les uns aux autres". Dans le cadre de la mise en relation des personnes, B.Hive travaille à la mise en place d’un forum, un formulaire de recherche de compétences professionnelles sur la plateforme Discord. Par exemple, si quelqu’un recherche un graphiste, un web designer, un pro du coding, ou même un investisseur, il pourra faire un appel d’offre et obtenir les réponses de membres de la communauté en qui il peut déjà avoir confiance. "C’est construire un réseau entier, où vous pouvez créer des tâches qui seront prises en charge par d’autres membres de la ruche. C’est aussi une très bonne entrée pour les personnes qui commencent dans le metaverse, un endroit sûr dans ce monde, qui est nouveau et cher".

Une communauté ouverte mais bien choisie.

Les NFT, c’est aussi une nouvelle façon de diviser les actions d’une entreprise. L’équipe de B.Hive accorde donc un soin tout particulier à ceux qui pénètrent cette fameuse communauté. D’une part, sur la forme, les NFT sont disponibles uniquement en prévente, ce qui permet de contourner l’instantanéité et l’anonymat des plateformes, au profit d’une pré-sélection de l’équipe. "De notre côté aussi, il n’y a aucun moyen de dissimuler l’identité, nous voulons que les gens nous fassent confiance pour prendre des décisions afin de rendre cette communauté meilleure". D’autre part, sur le fond, ce processus permet de vérifier la volonté des membres de prendre part à la communauté et de l’impacter positivement, en éliminant d’office ceux qui seraient seulement intéressés par le profit. "Dans les affaires traditionnelles, nous sommes censés nous tamponner les uns les autres, mais dans le domaine des NFT, ce n’est pas la vente qui compte, car le succès du domaine, et de ce projet spécifique, est basé sur la façon dont il peut coexister avec d’autres projets".

Des considérations éthiques. 

Il suffit de lire les nouvelles pour se rendre compte que les scandales commencent déjà à fleurir à propos des NFT et du metaverse. Absence de régulations, histoires d’agressions sexuelles, responsabilité civile, que faire avec ce vide juridique? Karim est résolument optimiste. Pour lui, les régulations sont en chemin, et auront un impact dans la réalité palpable, les gens seront sanctionnés et mis en prison. Il pense que l’essence de l’humain est friendly, et il est prêt à parier sur cette nature humaine.

"Les personnes sont autant responsables de leurs actes dans le café B.Hive metaverse que dans le café B.Hive à Hamra. D’où l’intérêt de présélectionner notre communauté, pour que le safe space reste intact même si la communauté s’agrandit".

Cet article a été publié dans l’Agenda Culturel.

Léa Samara