Près de deux semaines après la fin de la 28e saison du Festival al-Bustan, Ici Beyrouth revient sur cinq moments forts et (quelques fois) insolites qui ont marqué ce rendez-vous culturel d’envergure.

Achevée le 13 mars dernier, la vingt-huitième saison du Festival al-Bustan a fait souffler, tout au long d’un mois, un vent de liberté et d’optimisme, de résilience et de résistance, en faisant retentir un "bruissement d’émotion", pour reprendre les mots du poète Alain Tasso, oscillant entre lamentation et gémissement, exaltation et espoir. Du 16 février au 13 mars, près de vingt-cinq artistes, mis à part les deux orchestres nationaux (les vestiges de l’Orchestre philharmonique du Liban et l’Orchestre national libanais de musique arabe orientale), ont gravi les treize sommets du festival, plantant, à l’issue de chaque périple musical, leur drapeau chamarré, tacheté de nuances de blanc et (moins souvent) de noir, constellé de dièses et de bémols, couronnant finalement de lauriers le vingt-huitième opus des annales du Bustan.

Au terme de cette saison éclectique, il convient de rappeler que, face à la grandeur de l’Art, on ne demeure que minuscules. C’est à lui, et à lui seul, qu’on doit fidélité, jamais à l’interprète ou à quiconque. La critique doit contribuer à l’élévation des pratiques artistiques, en évaluant celles-ci à l’aune des normes de référence de l’Art, qu’il s’agisse de celles d’une école ou tradition ou de celles d’un compositeur précis. Elle contribue ainsi à la construction des savoirs et, de ce fait, elle doit tendre à une certaine objectivité d’ordre scientifique. Désormais, osons écrire les choses telles qu’elles le méritent, car, comme l’affirme solennellement Aristote, il n’y a pas de pire injustice que de traiter également des choses inégales. La maturation des pratiques musicales classiques au Liban constitue un important objectif culturel à atteindre pour un pays désormais soumis aux lois débridées du marché et de la médiocratie. Aussi la critique ne peut-elle contribuer efficacement à cette longue ascèse qu’en posant sur la vie musicale un regard vigilant et sans concession (par amour de l’Art et du Liban), où la véracité s’allie à l’éthique pour conforter l’esthétique.

Cela dit, Ici Beyrouth retrace, dans la vidéo ci-jointe, les cinq moments forts qui ont jalonné la victorieuse édition de cette année du Festival al-Bustan, baptisée "Reconnect".