Les demi-finales 2022 de l’Eurovision se sont ouvertes hier à Turin en Italie. Les Ukrainiens semblent être bien placés pour trôner sur le podium de cet événement suivi chaque année par près de 200 millions téléspectateurs. Après une première demi-finale mardi soir et une seconde jeudi, les 40 pays en compétition seront ramenés à 25 pour la finale du samedi 14 mai.

Pour sa 66e édition – celle de 2020 a été annulée à cause du Covid-19 – comme pour les précédentes, l’Eurovision promet son lot de strass et de glamour, mais aussi d’outrance.

En position de favori devant le duo italien Mahmood et Blanco, le Britannique Sam Ryder, et la Suédoise Cornelia Jakobs, le groupe de rap folklorique ukrainien Kalush Orchestra sera à tout le moins plébiscité par le public, selon les bookmakers.

L’Ukraine doublerait ainsi la mise après sa victoire en 2016 – deux ans après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie – avec Jamala et le titre " 1944 ", une chanson racontant la déportation des Tatars par Staline.

L’Union européenne de radiotélévision (UER), qui organise l’Eurovision, a exclu la Russie du concours dès le 25 février, au lendemain de l’entrée des troupes russes en Ukraine.

– Face A –

Mardi, les fans rassemblés devant l’arène sportive du PalaOlimpico se réjouissaient de l’atmosphère de camaraderie et de solidarité régnant dans la capitale piémontaise.

" C’est incroyable que l’Eurovision puisse se tenir cette année, surtout avec les circonstances en Europe ", a confié Matthias Korte, un fan allemand de 30 ans. " Les valeurs de l’Eurovision, c’est l’Europe qui se rassemble et partage de la musique ".

L’orchestre ukrainien Kalush est donc donné largement vainqueur par les sites de paris en ligne, avec la berceuse rap " Stefania ". Cette chanson adressée à une mère, qui mêle hip-hop et musique traditionnelle ukrainienne, a été écrite avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Avec des paroles frappantes comme " Je retrouverai toujours mon chemin vers la maison, même si toutes les routes sont détruites ", le titre est devenu " très proche du cœur de nombreux Ukrainiens ", selon son chanteur Oleh Psiuk qui, avec le groupe, a reçu une autorisation spéciale du gouvernement de Kiev pour participer.

" Nous sommes ici pour montrer que la musique ukrainienne et la culture ukrainienne existent ", a-t-il déclaré dimanche lors du coup d’envoi officiel de la compétition. " Elles sont authentiques, originales et vraiment uniques et c’est ce que nous voulons mettre en valeur ".

– Face B –

Les Norvégiens de Subwoolfer, affublés de masque de loups jaunes aux dents blanches, proposent le loufoque " Give that Wolf a Banana " (Donne une banane à ce loup). La Lettonie n’est pas en reste avec " Eat Your Salad " (Mange ta salade) de Citi Zeni.

Bien que regardée par des téléspectateurs de tous âges, la compétition frise parfois la provocation. Pendant les répétitions, Achille Lauro, un Italien qui représente la petite république de Saint-Marin, s’est déhanché sur un taureau mécanique rouge, vêtu de Gucci transparent et en dentelle, tandis que Romela Hajati, d’Albanie, a chanté " Sekret " au milieu de danseuses nubiles et ondulantes.

Sheldon Riley qui représente l’Australie – l’un des rares pays non européens à être invité à concourir – a exhibé une ample cape blanche en plumes d’autruche digne de Liberace, tandis que les Moldaves Zdob si Zdub & Advahov Brothers ont électrisé l’auditoire avec leur " Trenuletul ", saturé d’accordéon et de violon.

La France, toujours en quête d’une 6e victoire depuis le titre de Marie Myriam en 1977 (" L’oiseau et l’enfant "), a envoyé le groupe Alvan & Ahez, qui fusionne électro et chant breton avec un titre féministe – " Fullen " – inspiré d’une légende bretonne.

Quant aux vainqueurs de l’année dernière, le groupe italien Maneskin, teen-rockers vêtus de cuir, ils se produiront en finale samedi avec un nouveau single, " Supermodel ". Le mois dernier, au festival Coachella en Californie, le chanteur du groupe, Damiano David, a crié " Free Ukraine " et a lancé un juron au président russe Vladimir Poutine.

AFP

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