Celui qui nous attend sans broncher.
Celui qui nous garde nos secrets -talons aiguilles ou pointe des pieds-.
Celui qui s’inquiète quand on rentre tard.
Celui qui se perd dans nos au revoir.
Celui qui connaît nos figures de citrouilles, nos visages déconfits, nos matins brumeux et les étincelles qui s’entêtent sur nos cils.
Celui qui entend nos cris étouffés dans un coussin, nos portes claquées et celles doucement refermées.
Celui qui sait. Notre histoire et tout de nos petits détails du soir.
Celui qui abrite, qui rassure, qui console, qui reste solide comme un roc ou le bras d’un ami.

Et puis.
Sans crier gare, au coucher d’un soleil ennuyé, fatigué d’avoir trop veillé, tout part, en verres ou en fumée. Plus de bouts de toits.
L’horizon se tache de rouge, et l’on sort les robes noires.

On s’était bien dit et redit pourtant : ne pas s’attacher au matériel, ne pas s’attacher au matériel… oui… mais le toit…

Et depuis, la même question : que nous reste-t-il ?
Que nous reste-t-il à part la terre, les vers sous pierre et les souvenirs à l’odeur du brûlé ?
La flamme ?
Un peu de résilience, c’est le mot -en vogue-.
Une tristesse dévorante et digne.
Et un trop plein de fierté.
Mais au fin fond de nos pupilles, une photo en noir et blanc, l’image d’un enfant sautillant sur les grandes dalles… sous le même toit, rouge, je crois.
Et puis ta voix.
Beyrouth.