Le taux officiel de change du dollar passera à partir du 1er décembre à 15.000 LL pour les droits de douanes et du 1er février pour toutes les autres opérations. Comment évoluera le taux sur le marché parallèle alors que la livre libanaise a atteint mercredi un nouveau record de dépréciation en dépassant la barre des 41.000 LL face au billet vert?

Mercredi dernier, le ministre sortant des Finances Youssef Khalil a envoyé un avis à la Banque du Liban lui demandant de compter, dès le 1er décembre, les droits de douane en livres libanaises en utilisant un taux de change à 15.000 LL pour un dollar, au lieu de la parité officielle de 1.507,5 livres.

De même, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, dans une interview lundi dernier à la chaîne de télévision al-Hurra, a annoncé que le taux de change officiel de 15.000 LL pour un dollar entrera en vigueur à partir du 1er février 2023. Les circulaires 151 et 158 fonctionneront également à ce taux au lieu de respectivement 8.000 L L et 12.000 LL à partir de la même date.

Mercredi soir, selon la plateforme Lirarate.org, le dollar sur le marché parallèle valait 41.100 LL à l’achat et 41.000 LL à la vente. L’écart entre ce taux et celui de la plateforme Sayrafa de la BDL (30.300 LL),  continue d’augmenter, s’élevant désormais à quelque 11.000 LL.

La livre ne se stabilise toujours pas et a perdu plus de 96% de sa valeur depuis le début des crises économique et financière en 2019. Comment va évoluer ce taux avec le passage du taux officiel à 15.000 livres libanaises pour un dollar?

Difficile de faire des prévisions

Pour Nassib Ghobril, économiste en chef de la Byblos Bank, le marché libre est un marché irrégulier, opaque, illégal, qui n’est pas régi par des lois, il est donc difficle de faire des prévisions. “Ce taux est assujetti aux spéculations de quelques commerçants de Syrie et aux intempéries politiques”, déplore-t-il.

Il est donc complexe, explique l’économiste, de se projeter sur ce qui va arriver quand le taux de change officiel sera de 15.000LL parce que tout comme les speculateurs profitent des épisodes politiques, ils vont essayer de profiter de ce changement pour spéculer sur la livre libanaise et essayer d’effectuer des bénéfices rapides”. Et de poursuivre avec une pointe d’optimisme, “je pense que la Banque du Liban va annoncer de nouvelles meures qui, je l’espère, vont limiter les spéculations sur le marché parallèle”. “Il faut que le marché détermine le taux à travers l’offre et la demande”, martèle l’économiste.

Plus de livres en circulation

De son côté, Fouad Zmokhol, doyen de la faculté de gestion et de management à l’Université Saint-Joseph, estime que  sans doute le Liban va assister à une majoration du taux de change sur le marché parallèle. Pour lui, avec un taux à 15.000LL, beaucoup plus de livres libanaises seront en circulation et donc techniquement le taux de change sur le marché parallèle augmentera. “Toutefois si de nouvelles mesures sont prises par la BDL, telle que retirer d’une manière ou d’une autre certaines liquidités, la donne pourrait changer”, explique l’économiste.

D’autre part, il tient lui aussi à rapeller que les facteurs politiques influent beaucoup plus sur le taux de change que les facteurs économiques.