Il semble que tout ne soit pas rose au niveau des négociations qui ont eu lieu récemment entre le Liban et le Fonds monétaire international (FMI) bien que l’institution ait utilisé un langage pour le moins " diplomatique " au terme des réunions, les qualifiant d’ "évolutives " mais nécessitant " un travail approfondi ".

Le Liban a sollicité la première fois l’aide du Fonds monétaire international après son premier défaut de paiement en mars 2020 et a ébauché un plan préliminaire de réformes. Depuis, la situation économique et financière s’est détériorée et la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur. Jusqu’à aujourd’hui, le FMI n’a encore rien pu faire concrètement, ne parvenant même pas, semble-t-il, à comptabiliser les pertes financières du pays. La semaine dernière, le porte-parole du FMI a annoncé que les discussions progressent bien, mais qu’un travail approfondi est nécessaire dans la période à venir.

En effet, le Liban a tenu du 24 janvier au 11 février des négociations virtuelles avec le FMI sur des modalités d’aide afin de sortir de la crise économique, conditionnées par des réformes que la classe dirigeante a du mal à effectuer. Le FMI était représenté par une équipe dirigée par M. Ramirez Rigo. L’équipe libanaise de négociateurs est conduite par le vice-Premier ministre et ancien du FMI Saadé Chami ; elle est composée du ministre des Finances et ancien de la BDL Youssef Khalil, du ministre de l’Économie et du Commerce Amin Salam, du gouverneur de la BDL Riad Salamé, ainsi que de deux conseillers du président de la République Michel Aoun, Charbel Cordahi et Rafic Haddad.

Selon une source proche du FMI, l’institution serait mécontente du plan préparé par le Liban et ne l’aurait pas accepté. Toutefois, le FMI utilise un langage diplomatique et n’a pas rejeté publiquement le plan. Ce qui signifie que le pays va continuer à s’enfoncer petit à petit dans la crise, n’ayant aucune solution en vue. Un document ayant fuité a révélé que la commission gouvernementale chargée de préparer le plan à discuter avec le FMI préconise de faire assumer la plus grande partie des pertes aux déposants plutôt qu’au gouvernement et à la Banque centrale, chose qui aurait fortement déplu au FMI.

Toujours selon la même source, le chef de la délégation libanaise, Saadé Chami serait sur le point de claquer la porte.

Cinq piliers

À l’issue des discussions, la semaine dernière, M. Ramirez Rigo avait affirmé dans un communiqué que le programme économique libanais devrait inclure des actions ciblées et assorties de délais pour les cinq piliers suivants : des réformes budgétaires qui garantissent la viabilité de la dette, mais aussi un espace pour investir dans les dépenses sociales et les efforts de reconstruction ; la restructuration du secteur financier pour renforcer la confiance et soutenir la reprise ; la réforme des entreprises publiques, en particulier le secteur de l’énergie, pour fournir de meilleurs services sans épuiser les ressources publiques ; renforcer les cadres de gouvernance, lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme pour améliorer la transparence et la responsabilité ; et enfin établir un système monétaire et un taux de change fiables.

La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva avait déclaré, avant la fin des négociations, que l’institution n’accepterait qu’un " programme complet " qui éradiquera " tous les fléaux, dont la corruption ".