Le face-à-face que tout le monde attendait. Le président américain Joe Biden est arrivé vendredi en Arabie saoudite. Au palais royal de Jeddah,  il a été accueilli par un " check " du poing par Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, dirigeant de facto du royaume saoudien. La rencontre entre Biden et MBS est le point d’orgue de cette tournée au Moyen-Orient. Biden veut convaincre le royaume d’ouvrir les vannes de sa production pétrolière afin de faire baisser les cours du brut à l’approche des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Le président US a affirmé qu’il mettrait tout son poids dans l’affaire pour avoir une réponse à sa requête. L’inflation générée par le prix du pétrole est devenue un casse-tête en Occident en raison des sanctions décidées contre la Russie après son invasion de l’Ukraine. Washington espère également emmener le royaume wahhabite à normaliser ses relations avec Israël. La visite de Biden a été très critiquée par les défenseurs des droits humains à cause de l’assassinat de Jamal Khashoggi. MBS est considéré par les renseignements américains comme le commanditaire de l’assassinat du journaliste saoudien à Istanbul. Le président américain n’a pas hésité à avertir le prince Mohammed ben Salmane " que si une telle chose se reproduit, il aura une réponse et bien plus encore ".

Le président américain Joe Biden, en visite en Arabie saoudite, a prévenu Ryad d’une " réponse " en cas de nouvelles attaques contre des dissidents, après une rencontre avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré par Washington comme le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

Air Force One a atterri à Jeddah, dans l’ouest de l’Arabie saoudite, après un vol direct depuis Israël, une première alors que Washington cherche à normaliser les relations entre ses deux plus importants partenaires au Moyen-Orient.

Joe Biden a été accueilli au palais royal de Jeddah par Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, faisant un " check " du poing avec le jeune et puissant dirigeant de facto du royaume saoudien, âgé de 36 ans.

A Jeddah, Joe Biden a aussi rencontré le roi Salmane, malade et âgé de 86 ans, avant une " session de travail " menée par le prince Mohammed, incontournable sur tous les dossiers, du pétrole au militaire.

La rencontre entre MM. Biden et ben Salmane est le point d’orgue de cette tournée au Moyen-Orient, alors que Washington cherche à convaincre le royaume d’ouvrir les vannes de sa production pétrolière. L’enjeu: abaisser le prix du gallon d’essence à l’approche des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.

Mais lorsqu’il était encore candidat, Joe Biden avait promis de traiter l’Arabie saoudite en " paria ", en particulier à cause de l’assassinat en 2018 du journaliste et critique saoudien Jamal Khashoggi. Une fois élu, il avait déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité du prince dans ce meurtre.

A Jeddah, Joe Biden a déclaré avoir prévenu le prince héritier d’Arabie saoudite d’une " réponse " de sa part si de nouvelles attaques contre des dissidents devaient se produire, qualifiant de " scandaleux " le meurtre de Khashoggi.

" J’ai juste fait comprendre que si une telle chose se reproduit, ils auront cette réponse et bien plus encore ", a-t-il déclaré devant des journalistes, disant avoir évoqué cette affaire " au tout début " de la réunion avec MBS.

Les autorités saoudiennes ont toujours nié la responsabilité directe du prince héritier dans ce meurtre.

Rapprochement saoudo-israélien

La veuve du journaliste, Hatice Cengiz, a publié un tweet avec une capture d’écran du compte de son défunt mari : " est-ce ainsi que exigez comme promis de rendre des comptes comme promis pour mon meurtre ? " " Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains ", est-il ajouté, avec une photo du " check " du poing que M. Biden a fait au prince saoudien.

La visite de Joe Biden a été particulièrement critiquée par les défenseurs des droits humains, la puissante monarchie du Golfe étant accusée de graves violations, et d’une répression féroce de ses opposants.

Loin des questions des droits humains, parmi les objectifs de la tournée de Joe Biden figurent les tentatives de rapprochement entre Saoudiens et Israéliens.

L’îlot de Tiran, vu depuis Sharm el-Sheikh.

Durant sa prise de parole à Jeddah, Joe Biden a annoncé que les forces internationales de maintien de la paix, y compris les troupes américaines, quitteront Tiran, un des deux îlots stratégiques, avec Sanafir, situés en mer Rouge, entre l’Egypte, Israël et l’Arabie saoudite.

Le départ de cette force, installée depuis 40 ans, doit se produire " d’ici la fin de l’année ", a précisé la Maison Blanche dans un document, après qu’Israël a indiqué n’avoir " aucune objection " au transfert des deux îlots de l’Egypte à l’Arabie saoudite.

Dans le même temps, Ryad a de son côté annoncé l’ouverture de son espace aérien à " tous les transporteurs ", y compris israélien, une décision " historique " pour Joe Biden.

Sommet arabo-américain

Ces deux initiatives pourraient, selon des analystes, ouvrir la voie à un éventuel rapprochement entre l’Arabie saoudite et Israël, pays qui a normalisé notamment ses relations en 2020 avec deux autres pays du Golfe : les Emirats arabes unis et Bahreïn.

L’annonce saoudienne est intervenue avant le vol direct inédit Tel-Aviv-Jeddah de M. Biden, le premier du genre d’Israël vers l’Arabie saoudite qui ne reconnaît pas officiellement l’Etat hébreu. Son prédécesseur, Donald Trump, avait effectué un vol en sens inverse, de l’Arabie saoudite vers Israël.

Samedi, M. Biden participera à un sommet des dirigeants des monarchies arabes du Golfe auquel assisteront également d’autres leaders arabes, qui ont commencé à arriver samedi soir.

Une occasion de pousser la normalisation engagée par Israël avec plusieurs pays arabes, dans le but notamment de faire face à l’Iran.

Or, Ryad conditionne l’établissement de liens officiels avec l’Etat hébreu à une résolution de la question palestinienne, dénonçant régulièrement l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens.

AFP