L’ancien Premier ministre, Fouad Siniora, a réagi vendredi au tweet de la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, qui avait publié mercredi sur son compte une liste de noms de responsables libanais – reprise de Wikileaks – qui auraient des milliards et des millions de dollars bloqués dans leurs comptes en Suisse.  Parmi ces responsables, Fouad Siniora (9,1 milliards de dollars) et le président de la Chambre, Nabih Berry (6,3 milliards de dollars). Elle avait demandé aux personnes figurant sur cette liste de révéler leurs comptes, "par souci de transparence", laissant ainsi planer le doute sur leur origine, tout en indiquant qu’elle "n’est pas sûre de ces informations".

Dans une déclaration, M. Siniora s’est contenté de qualifier de "ridicules" les accusations contenues dans le tweet qu’elle devait d’ailleurs retirer quelques heures plus tard, lorsque Nabih Berry a porté plainte contre elle pour diffamation. L’ancien Premier ministre s’est en revanche étendu sur les motivations de la juge "dont la démarche ne peut pas être dissociée d’un processus politique qui se poursuit et qui repose sur une instrumentalisation de la justice, laquelle devient ainsi un outil de vengeance politique et personnelle".

"Fouler au pied le droit de réserve est devenu une règle chez cette juge. Le silence des organismes judiciaires et plus particulièrement de leurs responsables l’est aussi. Pire encore, ce silence est un scandale. Je n’essaie pas de me défendre face à une accusation ridicule et sans fondement, mais je défends une magistrature face à une fin tragique", a-t-il martelé.

S’adressant aux responsables de ce pouvoir, il les a pressés d’intervenir pour mettre fin aux "actes flagrants qui portent atteinte à la magistrature", en faisant remarquer que "le sexennat a pris fin sans que ses interventions honteuses dans les affaires de la justice se terminent". "Ce qu’elle (Ghada Aoun) a essayé de véhiculer est monté de toutes pièces par une partie politique connue", a accusé Fouad Siniora.

Il s’est dit "fier d’avoir rétabli l’ordre au sein des Finances publiques (à l’époque où il était ministre des Finances dans le gouvernement de l’ancien chef du gouvernement assassiné, Rafic Hariri, de 1992 à 1998 puis de 2002 à 2004, NDLR) alors que d’autres avaient pour seule occupation de lancer des campagnes de diffamation à mon encontre au point de laisser l’État sans budget pendant 11 ans, ce qui a entraîné une gestion chaotique des finances publiques dont nous souffrons jusqu’aujourd’hui".