Dans moins d’une heure, le Parlement libanais doit tenir une sixième réunion pour tenter d’élire un nouveau président de la République. Une réunion convoquée encore une fois pour la forme parce que les conditions d’un déblocage politique ne sont toujours pas réunies, même si, pour ce sixième round, le seul candidat officiel à la succession de l’ex-président Michel Aoun, Michel Moawad (député de Zghorta) semble bénéficier de voix supplémentaires. Deux députés de l’opposition issue du soulèvement du 17 octobre 2020, Mark Daou et Najat Aoun Saliba ont annoncé mercredi leur volonté de voter pour lui, ce qui porte à quatre, avec Waddah Sadek et Rami Finj, le nombre de parlementaires de ce bloc qui ont rallié l’option Moawad, un candidat qui représente les valeurs et les principes du camp souverainiste. Un candidat indépendant, Bilal Hchaimé, avait également voté la semaine dernière pour M. Moawad. Marc Daou a cependant expliqué à Ici Beyrouth, à son arrivée au Parlement, qu’ avec Mme Aoun, il est engagé dans un dialogue avec Michel Moawad " sur plusieurs points " et qu’ils voteront pour lui, une fois les discussions terminées, mais pas aujourd’hui.

Plus que l’identité du futur locataire de Baabda, c’est le programme et le projet dont ce dernier est porteur qui reste au cœur d’un blocage complexe, puisqu’en dépit des timides changements intervenus au niveau des votes, aucune partie ne détient la majorité constitutionnelle des deux tiers, nécessaire pour élire un nouveau chef de l’État.

Le bras-de-fer reste ainsi principalement engagé entre ceux qui essaient de maintenir le Liban prisonnier de leurs intérêts géostratégiques et affairistes et ceux qui s’évertuent de le remettre sur la voie d’un État de droit. Entre les deux, un groupe dont les options sont certes proches de celles de l’opposition et qui pourrait faire pencher la balance en faveur d’un candidat souverainiste, reste prisonnier de ce fameux " kellon yeene kellon " (tous, cela veut dire tous) scandé lors du soulèvement d’octobre pour marquer le rejet populaire de l’ensemble de la classe politique. Un groupe de 13 aujourd’hui amputé de cinq de ses membres, dont deux ont rallié l’option Moawad et deux autres en voie de les suivre.

On est bien entendu loin du compte pour la majorité requise pour l’élection de ce dernier, d’autant qu’on va assister ce matin au même cirque du défaut de quorum au terme du dépouillement des voix. Un défaut de quorum dont le seul but reste toujours d’empêcher le Parlement de passer au second tour qui pourrait faciliter l’élection d’un président à la majorité simple. Sachant que le débat autour du quorum pour le second tour continue de battre son plein.

Quoi qu’il en soit, le Liban ne sera pas doté de président de sitôt, surtout que le Hezbollah a clairement fait savoir qu’il n’acceptera pas moins qu’un candidat qui " ne le poignardera pas dans le dos ". À traduire dans le langage hezbollahi par un candidat à l’image de Michel Aoun, qui cautionnera les armes illégales et les équipées régionales de la formation pro-iranienne et maintiendra le Liban dans l’enfer du non-droit.