Face à la stagnation de sa situation et en raison de la dégradation de son état de santé, l’opposant iranien Peyman Karimi a mis lundi un terme à sa grève de la faim, entamée il y a trois semaines devant le siège de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés à Beyrouth.

Vingt-deux jours, mais pas un mot. Face au silence du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui semble avoir les mains liées, et en raison de la dégradation de son état de santé, l’opposant iranien Peyman Karimi a mis lundi un terme à sa grève de la faim. En l’entamant il y a plus de trois semaines, il souhaitait faire pression pour obtenir sa réinstallation en dehors du Liban, où il ne se sent plus en sécurité.

Arrêté par la Sûreté générale huit mois après avoir manifesté à Beyrouth contre le régime iranien, Peyman Karimi est sans passeport depuis plus de deux ans, comme il l’avait expliqué à Ici Beyrouth. Sa seule option pour récupérer ses papiers: se rendre à l’ambassade d’Iran d’où il sera déporté. Un danger pour le réfugié qui fait face à des menaces dans son pays d’origine, notamment du fait de sa conversion au christianisme.

Contacté à son sujet, le HCR n’a pas souhaité répondre à nos questions, invoquant le respect de la confidentialité des dossiers traités. Un motif également avancé concernant le suivi médical supposément octroyé aux grévistes de la faim et dont il n’a pas bénéficié même après la dégradation de son état de santé. "Lundi matin, après vingt-deux jours, je ne me sentais pas bien. Je ne pouvais plus tenir debout. J’avais la tête qui tournait", explique Peyman Karimi à Ici Beyrouth. "J’ai demandé au HCR s’ils avaient un médecin ou s’ils pouvaient m’appeler une ambulance, on m’a dit qu’ils avaient appelé la Croix-Rouge libanaise, raconte-t-il. Mais après plus d’une heure d’attente, toujours rien. Un agent du HCR m’a alors dit que de toute façon si je ne me sentais pas bien je n’avais qu’à appeler un ami pour qu’il m’emmène à l’hôpital. J’ai fini par appeler la Croix-Rouge libanaise moi-même."

Autant humanitaire que politique, son cas est symptomatique d’un système où organisations et associations se renvoient la balle, parfois par manque d’autorité ou de moyens, ou encore en raison de l’impossibilité de faire du "cas par cas". Difficile donc de savoir ce qui empêche certains dossiers d’avancer. Concernant la réinstallation de Peyman Karimi, le HCR semble avoir les mains liées, celle-ci dépendant des critères d’accueil des pays hôtes. Même si sa femme est norvégienne, la Norvège, n’ayant pas de quotas destinés à l’accueil de réfugiés iraniens, ne semble pas disposée à l’accueillir.

Contactée au sujet de Peyman Karimi, l’ambassade de Norvège au Liban, au courant de la situation, a refusé de commenter l’affaire.