Le 23 décembre dernier, les autorités israéliennes ont adressé aux Nations Unies une note de protestation contre le Liban pour dénoncer la décision du gouvernement libanais de lancer un appel d’offres pour la prospection et l’extraction des ressources gazières et pétrolières dans huit blocs situés sous souveraineté libanaise, dont les blocs 8 et 10 à la frontière Sud. À la suite de la démarche libanaise, Israël a mis en garde les compagnies internationales contre toute prospection dans ces deux blocs, arguant du fait qu’ils se trouvent dans une zone faisant l’objet d’un litige entre le Liban et Israël.

La réponse libanaise à la note israélienne n’a été élaborée qu’au bout d’un mois et elle a été en définitive transmise aux Nations Unies. Elle porte sur trois points fondamentaux :

  • Le Liban a réaffirmé ses droits dans les blocs situés au Sud en s’appuyant sur des preuves juridiques et techniques qui ont été exposées lors des négociations de Naqoura (entre Israël et le Liban).
  • Le Liban, de son côté, a mis en garde les compagnies contre toute prospection dans le champ israélien Karish à la frontière Sud car cette région est au centre d’un litige entre Israël et le Liban.
  • Le Liban réaffirme son attachement à l’atmosphère positive qui entoure les négociations de Naqoura afin d’aboutir à des résultats. En cas d’échec, Beyrouth aura recours à d’autres options, conformément à la loi internationale.

Cette réponse libanaise à la note israélienne a été interprétée par certaines parties comme l’expression de la volonté du Liban de retourner à la ligne 29 pour la délimitation des frontières maritimes avec Israël. Un amendement du décret 6433 deviendrait alors inéluctable. Des milieux locaux craignent à ce propos que cette réponse libanaise, au cas où elle se confirme, soit un moyen de mettre en échec la médiation de l’émissaire américain Amos Hochstein, qui assure la médiation entre le Liban et Israël dans ce dossier. M. Hochstein est attendu mardi prochain à Beyrouth, porteur d’une proposition israélienne dont la teneur n’a pas été dévoilée.

Ceux qui interprètent la réponse libanaise comme un retour à la ligne 29 basent leur supposition sur le fait que le Liban considère que le champ Karish est situé dans une zone faisant l’objet d’un litige, en dépit du fait qu’il se trouve entièrement au sud de la ligne 23, inscrite aux Nations-Unies.

Quant à l’allusion faite par le Liban qu’il pourrait avoir recours à d’autres options, dans le cadre de la loi internationale, elle signifierait que le gouvernement libanais pourrait opter pour une modification des frontières maritimes de la Zone Économique Exclusive du Liban (ZEE), comme le stipule le décret 6433. Une telle modification des frontières maritimes aurait pour résultat d’inclure de nouvelles superficies maritimes au Sud sous la souveraineté libanaise.

Reste à signaler que le fait de remettre sur le tapis la ligne 29 dans le contexte actuel pourrait être, selon certaines sources, le résultat des différends politiques entre le président de la République, le chef du législatif et le Hezbollah. L’armée libanaise tente à ce propos d’arrondir les angles entre ces trois parties afin qu’elles accordent leur violon au sujet de ce dossier.