Les nouvelles propositions de l’émissaire américain sur la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël auraient été accueillies positivement par les responsables politiques, à en croire les indications des hautes sphères politiques. Le président de la République Michel Aoun a d’ailleurs déclaré être " prêt à étudier les points proposés afin d’aboutir à des résultats concrets" .

L’envoyé spécial américain, Amos Hochstein, chargé de la médiation entre le Liban et Israël au sujet de la délimitation de leur frontière maritime sur fond d’exploitation d’hydrocarbures offshore, s’est rendu mercredi au Palais de Baabda avec l’ambassadrice américaine à Beyrouth, Dorothy Shea, pour rencontrer le président de la République, Michel Aoun, le ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, et le ministre de l’Énergie, Walid Fayad. Un mutisme absolu accompagne les entretiens à huis clos de M. Hochstein, qui veille à ce que leur teneur reste confidentielle et loin des médias.

Plus tard dans la journée, l’émissaire américain s’est réuni avec le Premier ministre, Nagib Mikati, ainsi qu’avec le président de la Chambre, Nabih Berry, pour discuter de " nouvelles propositions " qui seront par la suite étudiées pour déterminer la position libanaise.

Par ailleurs, M. Hochstein s’est aussi entretenu avec le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, ainsi qu’avec le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, avec qui la réunion aurait été " fructueuse ", pour reprendre le terme utilisé par l’ambassade américaine sur son compte Twitter.

Mardi, Amos Hochstein a rencontré le ministre des Affaires étrangères et a dîné chez le député et conseiller du président de la République pour les affaires liées au tracé des frontières, Elias Bou Saab, en présence notamment de l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, de l’ancien ministre Pierre Raffoul, conseiller du chef de l’État pour les Affaires extérieures et les relations avec la Syrie, des officiers représentant le commandement de la FINUL, des membres de la délégation militaire libanaise chargée des négociations indirectes avec Israël et du règlement du conflit sur les frontières maritimes entre le Liban et Israël.

Le diplomate américain est arrivé mardi soir à Beyrouth pour une visite officielle de deux jours, en vue de la reprise des pourparlers sur la délimitation de la frontière maritime, qui étaient en suspens depuis plusieurs mois. Le retour d’Amos Hochstein à Beyrouth s’inscrit donc dans le cadre de la volonté libanaise de reprendre les négociations sous la houlette de l’Onu et de Washington et il signifie en toute vraisemblance que de nouveaux éléments seraient apparus sur ce plan.

À titre de rappel, la position officielle libanaise que l’émissaire américain a transmise aux autorités israéliennes souligne que les blocs 8, 9 et 10, situés aux frontières Sud avec Israël, devraient faire partie de la Zone Économique Exclusive du Liban (ZEE), la limite de ces blocs devant être la ligne droite 23. Le Liban réclame en outre que le champ Qana situé dans le bloc 9, et qui s’étend au-delà de la ligne 23, soit inclus dans sa Zone Économique Exclusive. Cela signifie que la ligne droite 23 devrait subir une déviation en direction du Sud afin que le champ soit entièrement sous souveraineté libanaise. Cela implique que le bloc 9 libanais devrait s’étendre au bloc 72 dont Israël revendique le contrôle.

Cette position libanaise a pour but d’éviter que le champ de Qana soit partagé conjointement par le Liban et Israël car la partie libanaise serait contrainte, auquel cas, de s’engager dans des tractations et de conclure des accords avec la partie israélienne, sous l’égide des Nations Unies, afin d’exploiter conjointement le champ en question, ce qui risquerait de déboucher sur de nouvelles divergences entrainant un retard dans les opérations de prospection au niveau du bloc 9. Or l’entreprise TOTAL, en charge de la prospection (avec des partenaires italien et russe) a informé récemment le ministre de l’Énergie, Walid Fayad, qu’elle ne reprendra pas ses opérations au bloc 9 avant le règlement des divergences entre le Liban et Israël sur la délimitation des frontières maritimes.