Quelles que soient les raisons et les motifs de la “pause” marquée par l’ancien Premier ministre et chef du Courant du Futur Saad Hariri, connues ou pas, internes ou externes, il convient de relever ce qui suit :

1- La communauté sunnite ne divinise pas les hommes politiques qui la représentent, et ne croit pas non plus aux alignements sectaires néfastes pour le Liban, comme le “binôme chiite” et ceux qui brandissent des slogans comme “Prends-garde à ton frère” et “L’unification du fusil”.

2- Tous ceux qui ont reproché à Saad Hariri ses erreurs peuvent désormais offrir ce qu’ils ont à proposer, puisqu’avec son retrait de l’arène, c’est une voie royale qui s’ouvre désormais face à eux.

3- Les " erreurs " de Saad Hariri doivent constituer des lignes rouges face à chaque personne qui aspire à un mandat parlementaire. Partant:

a) Non à toute “liaison de contentieux” ou à toute clémence vis-à-vis du Hezbollah, qui a tué…

b) Non à tout vote en faveur d’un président incapable d’être le garant de la Constitution, aligné sur un axe ou sur un camp obnubilé par les seuls intérêts de sa communauté ou de son groupe; d’un président qui ne valorise pas l’unité et les fondements du Grand Liban et qui ne croit pas dans la Constitution qu’il a juré de protéger.

c) Non au silence sur la loi électorale actuelle, toute loi qui trie le peuple libanais et en fait un agrégat de troupeaux et de communautés, ou toute loi fondée sur la proportionnelle, inconcevable dans un pays comme le Liban, où les partis politiques transcommunautaires et transrégionaux n’existent toujours pas.

d) Non au vote en faveur d’opportunistes et d’arrivistes dont la couleur est bien connue, quels que soient les slogans qu’ils brandissent!

C’est alors que nous pourrons dire que nous avons appris des erreurs du passé.

4- Les anciens Premiers ministres Fouad Siniora et Tammam Salam sont tenus d’œuvrer en collaboration avec Dar el-Fatwa afin de:

a) S’opposer à tout chef de gouvernement qui braderait les prérogatives de la présidence du Conseil sous les slogans d’ "arrondir les angles”, de “modération”, de “tolérance” et de " préservation de la paix civile”. L’ouverture amicale et intégrale du Premier ministre Rafic Hariri au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n’a servi à rien. Au contraire, l’homme a été pulvérisé par les camarades de Son Éminence, sans que ce dernier sourcille…

b) Mobiliser les électeurs sunnites, ne serait-ce que pour une fois, et les inciter à participer massivement aux élections et à rejeter toute forme de dispersion et d’égotisme, afin d’empêcher l’arrivée de représentants acquis ou coopératifs avec le front de la moumanaa dans ses différents partis et courants iraniens, syriens et libanais.

5- Les groupes de la révolution du 17 Octobre sont appelés à s’organiser, à nettoyer leurs rangs des opportunistes, à rester à l’écart de toutes sortes de zizanies et à prendre conscience que l’égalité des Libanais, tous les Libanais, en droits et en devoirs, constitue un fondement qui n’accepte aucune forme d’exception, même si c’est au profit de ceux qui prétendent faire face à Israël…

6- Les anciens Premier ministres Siniora et Salam, en coordination avec l’ancien Premier ministre Saad Hariri et Son Éminence le mufti de la République, devraient former une délégation pour une visite à Sa Sainteté le pape François, afin de le remercier de son intérêt pour le Liban, le pays-message du vivre-ensemble, et de souligner le rejet par les sunnites du Liban de tout projet international qui mènerait à la partition du pays en émirats, périmètres et zones d’influence, au détriment de l’unité du Grand Liban.