Attendu dans les prochains jours aux Emirats arabes unis, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, devrait, en marge de ses entretiens officiels, tenir une réunion avec le chef du Courant du futur et ancien Premier ministre libanais, Saad Hariri, qui s’est installé dans cet émirat après son désengagement politique et parlementaire au Liban.

Moscou qui entretient des rapports étroits avec nombre de responsables libanais dont l’ancien chef du gouvernement, avait accueilli avec réserves la décision du leader sunnite, annoncée le 24 janvier dernier, de suspendre son activité politique et de ne pas s’engager dans la bataille pour les législatives de mai prochain. Le retrait de Saad Hariri de la vie politique avait d’ailleurs figuré, entre autres questions, à l’ordre du jour des entretiens du chef du PSP, Walid Joumblatt, avec le chef de la diplomatie russe, durant sa visite en janvier dernier à Moscou.

Comme beaucoup d’autres capitales qui suivent de près la situation au Liban, Moscou n’a pas apprécié le repli haririen et juge que Saad Hariri est un interlocuteur politique incontournable au Liban, surtout en cette période que traverse le pays et compte tenu du rôle qu’il peut jouer dans la perspective d’un redressement économique et d’un maintien d’un équilibre politique local.

Avant qu’il ne prenne l’avion pour Beyrouth, où il s’est recueilli lundi sur la tombe de son père, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, pour le 17eme anniversaire de son assassinat, le 14 février 2005, le leader sunnite a eu un long entretien à ce sujet, au téléphone avec Mikhaïl Bogdanov qui s’est enquis des motifs de sa décision et qui a exprimé l’espoir d’un retour rapide de Saad Hariri à la vie politique.

Moscou, indique-t-on de sources locales proches de dirigeants russes, n’est pas en faveur d’un déséquilibre politique dont profiterait le Hezbollah au Liban et ne voit pas d’un bon œil une montée de l’influence iranienne dans le pays, ce qui explique son attachement à un retour rapide de Saad Hariri sur la scène politique.

Selon un ami proche de ce dernier, le leader sunnite se donne une période de répit de quatre années. Compte tenu de la conjoncture locale et de l’équilibre des forces actuellement en faveur du camp du Hezbollah, Saad Hariri redoute le pire pour le Liban aux niveaux politique, économique et de sécurité. Il refuse, selon cet ami, d’être témoin et encore moins, d’être un partenaire sous un régime qui pousse le pays vers un effondrement total.

C’est en gros la teneur du message que Mikhaël Bogdanov a aussi entendu et qui est également parvenu à des ambassadeurs accrédités au Liban, dont l’ambassadeur d’Egypte qui a essayé d’engager une dynamique diplomatique visant à paver la voie à un retour de Saad Hariri à la vie politique.