Les délibérations ministérielles relatives à la possibilité d’établir des mégacentres dans le court laps de temps qui sépare les Libanais des élections parlementaires du 15 mai vont reprendre mardi, mais au niveau des sous-commissions.

En commission ministérielle où l’on a planché lundi sur les obstacles devant l’établissement de mégacentres dans le court laps de temps qui sépare les Libanais des élections parlementaires du 15 mai, les priorités divergent et l’enjeu principal est de toute évidence le sort des élections. Parce qu’entre le report du scrutin et abandonner l’idée d’établir ces centres de vote énormes, des ministres adhèrent sans hésiter à la première option, tout en soulignant leur attachement à la tenue des législatives, dans les délais…. si cela est possible, bien sûr.

Les délibérations de la commission ministérielle a hoc formée jeudi dernier par le gouvernement vont reprendre mardi dans l’après-midi, mais au niveau des sous-commissions. Composée d’un groupe de ministres reflétant la représentation politique des partis au cabinet, dont quatre magistrats, celle-ci a commencé lundi à examiner l’étude élaborée par le ministère de l’Intérieur au sujet de la possibilité d’établir des mégacentres. Ses membres n’ont pas réussi à s’entendre sur la possibilité de mettre en place ces centres de vote géants qui vont permettre aux électeurs des régions éloignées de participer au scrutin sans avoir à se rendre dans leurs localités d’origine. Ils ont identifié trois problèmes, logistique, financier et juridique, qui vont être examinés mardi par trois sous-commissions constituées à cette fin.

De toute façon, l’établissement de ces structures ne fait pas l’unanimité. Le Courant patriotique libre (CPL) fondé par le président libanais Michel Aoun, est engagé dans une bataille féroce pour obtenir que six à neuf bureaux de vote larges soient mis en place, alors que son principal et pratiquement seul allié au scrutin, le Hezbollah, n’est pas favorable à cette démarche. Le premier la défend en raison de son impact sur le niveau de participation, lequel serait, selon ses calculs, à son avantage. Le deuxième sans s’y opposer ouvertement n’y est pas favorable parce qu’elle l’empêcherait de contrôler la base chiite dans les régions où sa présence est forte.

Devant la cascade d’arguments avancés durant la réunion de la commission ministérielle par le ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, pour expliquer à ses collègues que son département a besoin de cinq mois pour établir ces bureaux de vote larges et que deux ne lui suffisent pas, le ministre du Tourisme, Walid Nassar, (courant aouniste) a d’abord proposé qu’on renonce au vote électronique, pourtant indispensable pour éviter qu’une même personne ne vote deux fois. Face au non catégorique à sa suggestion, il a avancé l’idée d’un report du scrutin de trois mois, également rejetée. Son collègue de la Justice, Henri Khoury, également proche du camp présidentiel a pour sa part jugé qu’il suffit d’une décision du ministre de l’Intérieur pour que des mégacentres voient le jour, lançant ainsi le débat sur le point de savoir si une décision du ministre de l’Intérieur suffisait ou s’il fallait un amendement de la loi électorale. C’est sur ce point précis qu’une des trois sous-commissions doit plancher. " S’il s’avère qu’un amendement est nécessaire, un projet de loi dans ce sens sera immédiatement élaboré et transmis au Conseil des ministres ", a expliqué Bassam Maoulaoui, en insistant sur le fait que les élections doivent avoir lieu dans les délais, c’est-à-dire le 15 mai. Il a fait état d’une convergence de vues à ce sujet avec le Premier ministre.

Dans l’étude qu’il avait présentée jeudi au gouvernement, M. Maoulaoui avait conclu que son département n’était pas en mesure d’achever en deux moins les préparatifs nécessaires à la mise en place des mégacentres et avait détaillé les obstacles financiers et logistiques à cette mission.

Avant la réunion de la commission, le ministre de l’Intérieur avait tenu une réunion consacrée à ce dossier avec le chef du gouvernement, Najib Mikati. Devant la presse, Bassam Maoulaoui devait se dire favorable à cette mesure qui représente l’une des principales réformes de la loi électorale, réitérant toutefois les obstacles juridiques, logistique et financiers qui se posent devant l’ouverture de mégacentres à moins de trois mois avant le scrutin.

Vote des expatriés

Sur un autre plan, la commission des Finances et du Budget que préside le député Ibrahim Kanaan, a approuvé lundi le projet de loi prévoyant l’ouverture, à titre exceptionnel, d’une ligne de crédit supplémentaire de 360 milliards de livres, dans le projet de budget 2022, afin de couvrir les frais de l’opération électorale dans les pays où les expatriés libanais se sont enregistrés. Selon les explications de M. Kanaan au terme de la réunion, le ministère de l’Intérieur peut, dès le vote de la loi au Parlement, lancer la procédure nécessaire pour préparer des bureaux de vote à l’étranger.

La commission a en outre approuvé le déblocage de près de 300 milliards de livres pour financer l’émission de passeports aux expatriés libanais n’ayant pas de pièces d’identité libanaises valides, a ajouté M. Kanaan, précisant que cette somme sera soit prévue dans le projet de loi relatif au financement du scrutin à l’étranger soit dans une proposition de loi qui devra être également votée par le Parlement.