La question de l’établissement de mégacentres pour les législatives du 15 mai commence à se compliquer sérieusement avec le bras-de-fer politique qui pointe son nez, entre le CPL qui s’y accroche, même s’il faut pour cela repousser la date du scrutin, et tous ceux qui s’opposent à un ajournement des élections.

Pour que ces vastes centres de vote, qui permettront aux électeurs de choisir leurs représentants à la Chambre sans avoir à se déplacer vers les régions éloignées, puissent voir le jour, un amendement de la loi électorale est nécessaire. Telle est la conclusion de la sous-commission ministérielle qui présentera son rapport jeudi au Conseil des ministres. Et c’est là que le véritable test pour les intentions des uns et des autres aura lieu, puisque le gouvernement est supposé élaborer un projet de loi portant amendement de l’article relatif aux mégacentres dans la loi électorale et que le délai officiel pour le dépôt des candidatures expire le 15 mars, soit mardi.

Réunie mardi sous la présidence du ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, la sous-commission a considéré dans sa majorité, sur base de consultations juridiques et constitutionnelles, qu’un retour au Parlement est indispensable pour les mégacentres, puisque c’est la Chambre qui n’avait pas entériné en octobre dernier l’ouverture de ces centres de vote pour la consultation populaire de 2022. Les ministres proches du camp présidentiel contestent cette interprétation des textes, arguant du fait que la prérogative d’établir des bureaux de vote est accordée par la loi au ministre de l’Intérieur. Sauf que la loi parle des bureaux de vote dans les circonscriptions correspondantes et non en dehors de celles-ci.

Le CPL est revenu à la charge sur ce point durant la réunion hebdomadaire de son bloc parlementaire qui, tout en affirmant son attachement à la tenue des élections dans les délais, s’est lancé dans une véritable plaidoirie en faveur des mégacentres et des prérogatives du ministère de l’Intérieur sur ce plan. Le bloc que préside Gebran Bassil a estimé que la mise en place de ces structures ne nécessite pas une loi "dans la mesure où l’article 85 de la loi électorale précise que les centres de vote sont déterminés par le ministre de l’Intérieur vingt jours avant la date des élections". Les députés aounistes ont par la suite violemment critiqué leurs collègues qui "avaient fait avorter tous les articles de la loi électorale en rapport avec des réformes", avant d’appeler à la tenue d’une réunion parlementaire dans les délais les plus brefs afin d’approuver en particulier les lois se rapportant au processus électoral.

La Chambre doit se réunir pour approuver ces lois, mais, selon la chaîne locale MTV, son président, Nabih Berry, n’est pas réceptif à l’idée de convoquer de nouveau les députés afin de discuter d’un point sur lequel il avait planché quatre mois plus tôt et sur lequel la majorité parlementaire s’était prononcée, sans compter le risque d’un report inhérent à cette démarche.