La France et l’Arabie saoudite ont entamé concrètement les démarches pour mettre en place, en toute transparence, un mécanisme franco-saoudien pour l’aide humanitaire destinée au Liban, suite à l’accord conclu lors de la visite du président Emmanuel Macron en Arabie saoudite et sa rencontre avec le prince héritier saoudien Mohamad Ben Salman. Les Émirats arabes unis ont rejoint ultérieurement ce fonds comme l’a annoncé cheikh Mohamad Ben Zayed.

Ces derniers temps, les contacts se sont intensifiés entre Paris et Riyad pour accélérer le déblocage de l’aide destinée à la population libanaise par le biais des organisations non gouvernementales, écartant complètement les institutions étatiques qui ont perdu toute crédibilité et confiance. Cette aide, comme annoncé précédemment par l’ambassade de France au Liban, se décline en aide pour le secteur de la santé et des soins, le secteur éducatif universitaire et scolaire, la sécurité alimentaire et les carburants, formant ainsi un panier d’aide au citoyen libanais, qui ne provient pas de l’État.

Le Liban était d’ailleurs au menu des échanges qui ont eu lieu entre les responsables français et saoudiens, précisément entre le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal Ben Farhan et son homologue français Jean-Yves le Drian, ainsi qu’entre le conseiller du palais royal le ministre Nizar el Alouli et le responsable de la cellule de crise à l’Élysée l’ambassadeur Patrick Durel. Rien n’a filtré au terme de ces entretiens et aucune information n’a été livrée sur le volume des aides et les secteurs qui en bénéficieront.

La partie saoudienne tient à maintenir les avancées loin des feux des projecteurs et refuse de les lier à tout autre sujet ou à l’échéance à venir. Il s’agit avant tout "d’une démarche humanitaire à l’égard de la population et l’État n’est pas concerné ni de près ni de loin par la gestion de cette aide", comme le rappelle un responsable saoudien. Dans cette optique, un responsable saoudien serait attendu à Beyrouth prochainement pour une série d’entretiens avec trois personnalités libanaises afin de mettre en œuvre cette opération. Cependant, ni l’identité du visiteur, ni celle de ses interlocuteurs, ni la date de la visite ne sont connus pour l’heure.

Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmad Aboul Gheit a évoqué, lors de sa dernière visite à Beyrouth, avec les responsables libanais la question des relations du Liban avec les pays du Golfe, sur la base de l’initiative koweïtienne censée rétablir ces relations. Tout comme il a informé les responsables des résultats des contacts entrepris au lendemain de cette rupture des relations entre Beyrouth, Riyad et Abu Dhabi, entre autres capitales arabes, pour colmater les brèches.

Cependant, "le processus risque d’être long et le Liban devra redoubler d’efforts pour montrer des signes positifs envers les pays du Golfe, et l’Arabie saoudite en particulier", comme le rappelle M. Aboul Gheit. Des milieux ministériels dévoilent d’ailleurs que le Premier ministre appellera prochainement l’Arabie saoudite et les pays du Golfe à tourner cette page en cette période particulièrement sensible et de conjuguer tous les efforts pour faire face aux défis et aux répercussions des derniers développements, afin que le sommet de la Ligue arabe prévu en Algérie en novembre prochain soit celui de l’ouverture et de la réconciliation entre Arabes qui doivent recouvrer leur rôle, leur position et leur influence sur les plans régional et international.

Selon des observateurs, les politiciens libanais de tous bords ont rencontré dernièrement à Paris des responsables saoudiens avec lesquels la situation au Liban et la peur des répercussions des développements dans les pays baltes sur la scène intérieure et les élections ont été évoqués. De même, il était question de remobiliser la rue sunnite qui constitue une composante essentielle qui ne doit pas être absente du scrutin. Il s’avère que l’Arabie saoudite attend le résultat des élections pour définir sa position par rapport à la situation au Liban et ne se considère donc pas concernée par la question des élections.