Le Premier ministre Najib Mikati a examiné vendredi, avec le ministre de la Justice Henry Khoury, la question des mesures judicaires prises tous azimuts à l’encontre du secteur bancaire, annonçant qu’il a été convenu de "demander au procureur général près la Cour de cassation, le juge Ghassan Oueidat, de prendre les mesures appropriées dans ce dossier".

Najib Mikati, qui avait dénoncé jeudi des "gesticulations théâtrales" après la mise sous scellés de la Fransabank et de Creditbank, a critiqué devant le ministre "l’approche suivie par certains magistrats" en raison des "tensions inquiétantes" qu’elle suscite, sans toutefois citer la procureure générale près la Cour d’appel, Ghada Aoun. "Il existe des tentatives d’utiliser cette tension dans les campagnes électorales", a-t-il encore dit, adhérant ainsi à l’analyse selon laquelle le camp présidentiel, dont Mme Aoun est proche, exploite le dossier des banques à des fins électorales.

Le chef du gouvernement faisait référence à la décision de saisir les biens de cinq grandes banques de la place, la mise sous scellés du siège de la Fransabank et de ses agences, mercredi, et l’arrestation, jeudi, de Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé.

A l’issue d’un entretien avec le ministre Khoury (proche du président de la République Michel Aoun) au Grand Sérail, M. Mikati a déclaré: "L’attachement à l’indépendance du pouvoir judiciaire et à la non-ingérence dans les affaires de la justice va de pair avec l’attachement à la stabilité de la situation dans le pays à tous les niveaux, notamment financier".

Il a ajouté: "Le pouvoir judiciaire a le droit d’enquêter sur tout dossier financier et bancaire, d’autant plus que la restauration des droits des déposants dans les banques est la priorité et la constante de base dans toutes les négociations que nous menons avec le Fonds monétaire international et tous les organismes concernés." "Mais l’utilisation de méthodes populistes et policières au cours des enquêtes a nui, et continue de nuire, au système judiciaire et au système bancaire dans son ensemble", a-t-il souligné.

Le Premier ministre a ajouté: "Il est clair que l’approche suivie par certains magistrats pousse à créer des tensions inquiétantes, et il y a des tentatives d’utiliser cette tension dans les campagnes électorales, et c’est une question dangereuse contre laquelle nous avons déjà mis en garde".

Ainsi, "nous renouvelons notre appel aux autorités judiciaires compétentes pour qu’elles prennent l’initiative de corriger ce qui se passe, selon les principes connus, et poussent à un retour au principe de réserve, pour éviter des répercussions dévastatrices sur le système judiciaire d’abord, et sur l’un des piliers économiques du Liban qui jouera un rôle clé dans le processus de redressement", a poursuivi M. Mikati.