Les trois pôles du pouvoir au Liban appellent Washington à "poursuivre ses efforts pour une reprise des pourparlers indirects avec Israël sur la délimitation des frontières maritimes", conformément à l’accord-cadre qui retient la ligne 23 comme base des pourparlers.

Les trois pôles du pouvoir, Michel Aoun, Nabih Berry et Najib Mikati, ont invité hier les Etats-Unis à "poursuivre leurs efforts pour que les pourparlers indirects avec Israël sur la délimitation des frontières maritimes se poursuivent, conformément à l’accord-cadre" sur base duquel les négociations avec l’Etat hébreu sur le tracé des frontières avaient été lancées.

Cet accord prend pour point de départ la ligne 23 qui part de Ras Naqoura à la frontière sud entre le Liban et Israël. Il avait été conclu en 2020, au terme de négociations menées par le président de la Chambre Nabih Berry pour le lancement des pourparlers indirects avec Tel Aviv sous l’égide des Nations unies. La ligne 23 avait été déterminée dans le cadre de cet accord comme étant la base des négociations et avait été consignée dans un décret en vertu duquel le Liban réclame une zone de 860 km2 dans sa Zone économique exclusive, délimitée par cette ligne.

MM. Aoun, Berry et Mikati ont tenu une réunion au palais de Baabda afin de discuter de la proposition que l’émissaire américain, Amos Hochstein, avait remise aux autorités libanaises en février dernier, pour que les pourparlers, bloqués depuis décembre 2020, puissent reprendre.

Les discussions avec Israël s’étaient interrompues au moment où le Liban a revendiqué 2210 kilomètres carrés supplémentaires, délimités par la ligne 29, et avait adressé une note en ce sens aux Nations unies, mettant en garde contre toute prospection gazière dans la zone contestée.

L’émissaire américain proposait une reprise de ces discussions à partir de la ligne 23, ce que le chef de l’Etat avait accepté, alors qu’il défendait farouchement la ligne 29, provoquant ainsi un tollé dans certains milieux politiques. Dans ces milieux, on a insinué que Michel Aoun avait accueilli favorablement l’offre américaine en contrepartie d’une levée des sanctions imposées par Washington à son gendre, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil.

Dans le communiqué qu’elle a fait paraître, la présidence de la République explique que la réunion de samedi matin était destinée à examiner les résultats des travaux de la commission technique qui s’était penchée sur la proposition Hochstein, "afin de parvenir à une position commune qui puisse préserver les droits du Liban, ainsi que sa souveraineté entière sur ses frontières maritimes".

La commission est composée de représentants des présidences de la République et du Conseil, ainsi que du service hydrographique rattaché au commandement de l’armée et de l’autorité de gestion du secteur du pétrole.

Le communiqué précise que les trois dirigeants, qui ont appelé les Etats-Unis à poursuivre leurs efforts pour la reprise des négociations, ont assuré que "ce dossier est national par excellence et devrait rester à l’abri des tiraillements et des surenchères inutiles".