Le régime des mollahs a-t-il livré des drones à la Russie de Poutine? Téhéran ne cessait de nier cette accusation, malgré le fait que le Guide suprême Ali Khamenei avait vendu la mèche le 19 octobre dernier, en affirmant que l’Iran est fier d’avoir une telle technologie! Finalement, samedi, Téhéran a fini par avouer: les Iraniens ont bel et bien vendu des drones à Poutine, mais en quantité limitée et bien avant l’invasion de l’Ukraine. Un demi-aveu donc, qui ne fait qu’augmenter la suspicion occidentale. Washington et Kiev accusent, en effet, l’Iran de fournir également des missiles balistiques à Moscou.

 


L’Iran a reconnu samedi pour la première fois avoir fourni des drones à la Russie, avant l’invasion de l’Ukraine fin février, confirmant des accusations de Kiev contre Moscou, soupçonné d’utiliser des drones iraniens pour ses attaques contre civils et infrastructures.

" Nous avons fourni à la Russie un nombre limité de drones, des mois avant la guerre en Ukraine ", a annoncé samedi le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, cité par l’agence officielle Irna.

Des drones " kamikazes " iraniens Shahed 136 livrés à Moscou.

 

 

C’est la première fois que Téhéran fait état de la livraison de drones à Moscou, l’Iran se bornant ces dernières semaines, malgré les accusations répétées de Kiev et de ses alliés occidentaux, à nier ces affirmations.

Le chef de la diplomatie iranienne s’est dit samedi prêt à examiner toute " preuve " de la part Kiev d’un recours aux drones iraniens dans le conflit.

Pourtant, Kiev a déjà affirmé il y a plusieurs jours qu' "environ 400 drones " iraniens avaient déjà été utilisés contre la population ukrainienne et que Moscou en avait commandé environ 2.000.

 

 

Les aveux de Téhéran sur ces livraisons de drones à Moscou marquent encore un peu plus le rapprochement entre la Russie et l’Iran entamé ces derniers mois, face à une Ukraine largement soutenue par les Etats-Unis et l’UE, et alors que la Chine se tient à l’écart de toute implication directe dans la guerre.

L’Iran a toutefois démenti samedi que son pays eut fourni des missiles à la Russie, jugeant ces accusations " complètement fausses ".

Des articles de presse faisaient état ces derniers jours de potentielles livraisons de missiles sol-sol iraniens à la Russie.

Des missiles balistiques iraniens.

 

 

Malgré les dénégations de Téhéran ces dernières semaines, l’UE et le Royaume-Uni avaient annoncé de nouvelles sanctions visant trois généraux iraniens et une entreprise d’armements " responsables de fournir à la Russie des drones kamikazes " pour bombarder l’Ukraine.

En septembre, Kiev avait, pour sa part, décidé de réduire considérablement ses relations diplomatiques avec Téhéran.

Un drone iranien détruit par l’armée ukrainienne à Kiev. Il porte une inscription en russe pour camoufler le pays d’origine, car la Russie et l’Iran niaient toute coopération militaire entre les deux pays. (AFP)

 

 

Sur le terrain, les armées ukrainienne et russe semblent toujours se préparer à une bataille féroce à Kherson, principale ville prise par les Russes depuis le début de leur invasion fin février.

Selon la présidence ukrainienne, " les occupants russes tentent d’identifier les habitants qui refusent d’être évacués " vers les territoires occupés par les troupes de Moscou, plus loin de la ligne de front, voire vers la Russie elle-même.

Vendredi, le président russe Vladimir Poutine avait justifié ces évacuations pour la première fois, estimant que les civils " doivent être éloignés " des zones de combat " les plus dangereuses ".

Des images du ministère russe de la Défense montrent, selon eux, l’armée russe aidant à évacuer des civils de la région de Kherson, en passant par le Dniepr. Selon le ministère russe de la Défense " Plus de 5.000 " civils quittent " chaque jour " leur domicile depuis la reprise des évacuations mardi dans la région de Kherson, Moscou étant confronté dans ce territoire annexé du sud de l’Ukraine à une contre-offensive ukrainienne.

 

 

L’Ukraine a, elle, une nouvelle fois dénoncé une politique de " déportation ".

Le ministère russe de la Défense a, de son côté, affirmé samedi avoir " détruit une station radar (servant) pour les missiles antiaériens S-300 " et " intercepté 27 Himars américains " dans la région de Kherson.

Plus à l’est, un juge de la Cour suprême de la République de Donetsk, a été blessé par balles vendredi et se trouve " dans un état grave ", ont annoncé samedi les autorités d’occupation russes.

Les civils qui se trouvent à Kherson dans le sud occupé de l’Ukraine " doivent être éloignés " des zones " dangereuses " de combat, a affirmé vendredi le président russe Vladimir Poutine, Moscou y étant confronté à une contre-offensive ukrainienne.

 

 

Le ministère de l’Intérieur de cette région annexée fin septembre par Moscou dans l’est de l’Ukraine n’a toutefois pas donné plus de détails sur le modus operandi, ni les raisons de cette attaque.

Selon Denis Pouchiline, un haut responsable de l’autorité d’occupation russe, M. Nikouline " a fait condamner des criminels de guerre nazis ", faisant là référence au régime de Kiev avec la terminologie employée par le Kremlin pour justifier l’invasion russe en Ukraine fin février.

Dans le nord de l’Ukraine, malgré la retraite des Russes de la région fin mars-début avril, les garde-frontières ukrainiens se préparent " à empêcher une (nouvelle) invasion " russe, depuis le Bélarus, cet allié de Moscou qui a servi de base arrière à l’armée russe dans les premiers jours de combats.

" La probabilité d’une attaque sera toujours élevée ici, près de la frontière ", estime auprès de l’AFP " Lynx ", de son nom de code, qui évalue à " 50/50 " le risque d’une nouvelle offensive russe dans la région.

" La situation est complètement différente " aujourd’hui car " nos comptons sur nos gardes-frontières, nos forces armées et toutes les forces de défense ", veut croire de son côté Andrïi Bogdan, le maire de Gorodnia, village situé proche des frontières bélarusses et russes.

Avec AFP