Lors du sommet de l’ASEAN, au Cambodge, les dirigeants des dix pays membres de l’organisation ont condamné les agissements de la junte birmane, qui mène une répression sanglante contre l’opposition.  L’Asean et la Birmanie continuent de se tourner le dos, le bloc régional accusant Naypyidaw de rester sourd au consensus convenu l’an dernier pour sortir le pays du chaos. 

Pour la deuxième année de suite, le dirigeant birman n’a pas été invité par ses pairs au sommet, qui doit accueillir le président américain Joe Biden samedi.

 

 

Les dirigeants de l’Asean réunis à Phnom Penh, au Cambodge, ont constaté vendredi l’impasse des négociations avec la Birmanie, prise dans une spirale de violence et absente du rendez-vous régional annuel.

Les dirigeants des dix pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) se sont retrouvés vendredi matin dans un hôtel de la capitale cambodgienne, pour une photo de famille où manquait le chef de la junte birmane.

Pour la deuxième année de suite, Min Aung Hlaing n’a pas été invité par ses pairs au sommet, qui doit accueillir le président américain Joe Biden samedi.

L’Asean et la Birmanie continuent de se tourner le dos, le bloc régional accusant Naypyidaw de rester sourd au consensus convenu l’an dernier pour sortir le pays du chaos dans lequel il est empêtré depuis le coup d’État de février 2021.

La junte birmane dans le colimateur
La Chine, premier partenaire commercial de l’Asie du sud-est, a toujours entretenu de bonnes relations avec la junte birmane, même si elle a exprimé un certain malaise face au chaos qui règne dans le pays. (AFP)

 

 

Le président philippin Ferdinand Marcos Jr a déclaré à ses collègues dirigeants qu’une " mise en œuvre rapide " du consensus était nécessaire.

M. Marcos a également demandé à l’Asean d’ouvrir des contacts avec les groupes d’opposition en Birmanie, faisant écho à un projet de déclaration du sommet vu par l’AFP qui suggérait de s’engager avec le gouvernement d’unité nationale (NUG).

La ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a déclaré que les dirigeants avaient convenu d’un plan en 15 points.

Bien qu’elle n’ait pas donné de détails sur l’accord, elle a déclaré qu’il représentait un sévère avertissement à la junte pour qu’elle agisse ou qu’elle subisse de graves conséquences, comme une interdiction de participer aux sommets de l’Asean sur le long terme.

" C’est un avertissement, un message fort de la part des dirigeants ", a déclaré Mme Marsudi aux journalistes.

Au sein du bloc, l’Indonésie a été l’une des principales voix à réclamer des mesures plus sévères contre la junte, avec la Malaisie et Singapour.

" Un chien de garde des États-Unis " 
Les dirigeants des dix pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) se sont retrouvés vendredi matin dans un hôtel de la capitale cambodgienne, pour une photo de famille où manquait le chef de la junte birmane. (AFP)

 

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont pressé l’Asean à prendre des mesures fortes, à l’image de l’Union européenne qui, mardi, a élargi de nouveau ses sanctions contre des responsables birmans.

Les puissances occidentales ont multiplié les sanctions contre la junte et les États-Unis ont exhorté l’Asean à adopter une position " énergique " afin de contraindre la junte à réduire la violence, qui s’est intensifiée ces dernières semaines avec des frappes aériennes militaires meurtrières sur des cibles civiles, notamment une école et un concert.

La Chine, premier partenaire commercial de l’Asie du sud-est, a toujours entretenu de bonnes relations avec la junte birmane, même si elle a exprimé un certain malaise face au chaos qui règne dans le pays.

Le Premier ministre chinois Li Keqiang devait s’entretenir avec les dirigeants de l’Asean vendredi après-midi, avant de rejoindre M. Biden et d’autres dirigeants régionaux pour un sommet de l’Asie de l’Est à Phnom Penh dimanche.

Avant la réunion, un haut diplomate de l’Asean a déclaré à l’AFP que l’expulsion de la Birmanie du bloc n’était pas envisagée.

Les médias officiels birmans ont critiqué l’implication de l’Asean, l’accusant d’être un " chien de garde des États-Unis ", tandis que la junte a mis en garde contre l’imposition d’un calendrier pour le processus de paix, affirmant que cela pourrait avoir des " implications négatives ".

Le Timor oriental intègre l’ASEAN

Les dirigeants ont par ailleurs trouvé un " accord de principe " pour intégrer le Timor oriental à l’organisation régionale.

Le pays de 1,3 million d’habitants, ancienne colonie portugaise annexée par Jakarta en 1975, est devenu un État pleinement indépendant en 2002 après 24 ans d’occupation sanglante indonésienne.

L’intégration officielle du plus jeune pays de la région pourrait intervenir lors du prochain sommet, en Indonésie, qui doit occuper la présidence tournante du bloc régional.

Le président Jose Ramos-Horta a longtemps fait campagne pour l’adhésion à l’ASEAN et une demande a été soumise pour la première fois en 2011.

M. Ramos-Horta, qui a reçu le prix Nobel de la paix, a remporté un deuxième mandat en avril, après avoir été en poste de 2007 à 2012.

Avec AFP