Le guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, a opposé, lors de son allocution samedi dernier, une fin de non-recevoir aux États-Unis qui visent son projet expansionniste et subversif, en rejetant la demande du "Grand Satan" qui a exigé de l’Iran d’arrêter d’enrichir l’uranium à 20%, de limiter son influence à l’intérieur de ses frontières et de fermer les industries de défense dont les drones sont à l’œuvre en Ukraine.

La réaction aux demandes américaines est coûteuse sur le plan iranien. Selon Iran Human Rights basée en Norvège, le bilan des récentes manifestations est très lourd. Au moins 416 morts sont à déplorer, dont 51 enfants, sans compter l’arrestation d’environ 18.170 personnes.

Sur le plan extérieur, l’Iran n’est pas en reste, notamment dans les pays où son influence est dévastatrice. Les victimes des ambitions iraniennes dans la région sont difficiles à dénombrer. Leur nombre peut atteindre des centaines de milliers seulement entre la Syrie, l’Irak et le Yémen. Des pays que le guide suprême a intentionnellement ou involontairement occultés lors de son allocution lorsqu’il s’est vanté de la victoire sur le "stratagème américain" qui, selon lui, vise à ruiner six pays, à savoir l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye, le Soudan et la Somalie, dans le but de "juguler l’expansion de l’Iran et sa profondeur stratégique dans la région, pour l’affaiblir et briser en fin de compte le régime de la République islamique".

De plus, le guide suprême a également occulté le fait que s’en prendre aux États-Unis pour justifier ses crimes se traduit concrètement par davantage de massacres et d’arrestations, non seulement en Iran, mais encore dans les pays qui se retrouvent sous la coupe du Wali al-Faqih, ses bras armés et ses affidés.

En réalité, toutes ces manœuvres visent un seul objectif: amadouer le "Grand Satan", afin qu’il cède et accepte des négociations qui n’ont rien à voir avec l’influence de l’Iran à l’extérieur de ses frontières, ou encore avec l’oppression du peuple iranien. En effet, l’Iran cherche par-dessus tout à arracher une reconnaissance américaine qui acquiescerait le fait que Téhéran est "l’acteur le plus important et le plus sensible de la région stratégique de l’Asie de l’Ouest". Partant, traiter avec l’Iran devrait se faire sur cette base.

En d’autres termes, pour le Guide suprême, l’Iran devient "la référence incontournable dans la région", qui disposerait de ce fait d’une marge de manœuvre lui permettant de poursuivre ses crimes et le démantèlement des pays sous son contrôle sans être inquiété, en échange de ce qu’il peut apporter aux États-Unis, comme le fait de faciliter la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et Israël, par exemple, ou menacer la sécurité des États arabes du Golfe pour que les Américains augmentent leurs ventes d’armes dans la région, ou partager l’influence sous couvert d’accords tacites, ou encore protéger l’influence en créant des mouvements extrémistes et en les finançant pour justifier les interventions croissantes dans la région. Et j’en passe.

Les libertés des peuples sont le cadet des soucis du guide suprême, de ses Basij, de ses gardiens de la révolution et de ses brigades d’Al-Qods, qui se soucient encore moins de Jérusalem et de son sort. Le plus important est de préserver les droits d’Israël en Palestine, entre autres, en échange de la garantie de droits de l’Iran à occuper les pays qui assurent son expansionnisme jusqu’aux rives de la Méditerranée.

En effet, le guide suprême ne reconnaît que la foule immense qui a donné beaucoup de voix le 4 novembre (lors de manifestations progouvernementales) ou lors des funérailles de Qassem Soleimani. Pour lui, le peuple iranien se résume uniquement à cette frange de la population qui voue une loyauté sans faille au régime.

En revanche, les contestataires qui rejettent l’autorité du régime et manifestent en brûlant tout ce qui touche à ses symboles sont qualifiés d’émeutiers et de traîtres dont l’exécution est autorisée. D’ailleurs, la nièce de Khamenei, qui a appelé le monde libre à se rallier autour du peuple iranien et à demander aux gouvernements de cesser de soutenir ce régime criminel qui n’hésite pas à tuer des enfants, n’a pas été épargnée par les autorités iraniennes qui ont procédé à son arrestation. Le plus important pour ce régime est de continuer d’exporter sa révolution, qui n’a rien à voir avec le concept même de révolution.  Il s’agit tout bonnement d’une occupation flagrante, que ce soit en Irak, au Yémen, en Syrie ou au Liban, au grand mépris des populations concernées.

Enfin, le sort de ces pays restera tributaire des exigences du Wali al-Faqih et de ses affronts qui lui garantissent l’expansion de son influence, la légitiment, la reconnaissent et la promeuvent. Faute de quoi, les tueries, la répression et le sabotage continueront de plus belle en Iran et dans les pays sous son occupation.