Comme de nombreux chefs d’État, Emmanuel Macron y réside lors de sa visite, en ce moment, aux États-Unis. Lieu chargé d’histoire, Blair House accueille les dirigeants de marque du monde entier venus rencontrer leurs homologues américains, et ce, depuis les années 1940.

C’est là que les présidents américains se préparent, une dernière fois, à prêter serment, qu’ils reçoivent leurs hôtes de marque, ou que l’un d’entre eux a été la cible d’une tentative d’assassinat: Blair House, résidence chargée d’histoire, accueille Emmanuel et Brigitte Macron pour leur visite d’État à Washington depuis le 29 novembre.

Washington D.C. pavoise. La bannière étoilée et le drapeau tricolore se voient à chaque coin de rue.

 

Comme Charles de Gaulle, Elizabeth II ou l’empereur du Japon avant eux, le couple présidentiel français prend cette semaine ses quartiers dans cette vaste demeure installée en face de la Maison Blanche, au cœur de la capitale fédérale.

Derrière sa façade claire à l’apparence simple, Blair House chapeaute en réalité quatre bâtiments contigus pour former un complexe de 6.500 mètres carrés, soit davantage que la Maison Blanche elle-même, doté de 119 pièces aux décorations somptueuses dédiées à l’accueil des dignitaires étrangers et aux échanges diplomatiques.

À l’arrière, un discret jardin permet de prendre l’air loin de la foule des touristes.

Ses murs ont vu défiler des nuits de négociations sur le conflit israélo-palestinien, des G7 finances à répétition et, selon le récit de Bill Clinton, les difficultés du président russe Boris Eltsine avec l’alcool, retrouvé un jour dehors en caleçon hélant un taxi, le lendemain pris pour un intrus ivre dans les caves de la résidence.

Emmanuel Macron est le dernier chef d’État en date à séjourner à Blair House (AFP)

 

Jouant sur l’homonymie, le Premier ministre britannique Tony Blair avait lui déclaré s’y sentir " un peu comme chez moi " lors d’un séjour en 1998.

En plus de l’accueil des dirigeants étrangers, la tradition veut que le président-élu y réside à la veille de son installation à la Maison Blanche, de l’autre côté du square Lafayette.

En janvier 2009, petite polémique: Barack Obama, venu de Chicago, souhaite s’installer au plus tôt à Blair House avant son investiture, faute d’un logement pour lui et sa famille dans la capitale.

Mais l’administration Bush ne lui donne les clés qu’à partir du 15, soit cinq jours avant la cérémonie solennelle. La raison avancée – la visite d’un ancien Premier ministre australien venu recevoir une décoration – ne convainc alors pas une partie de la presse américaine.

Bien que n’offrant pas des conditions de sécurité exceptionnelles, Blair House a été occupée par le président Harry Truman et sa famille pendant pratiquement toute la durée de son mandat de 1948 à 1952, pour permettre une restauration d’ampleur de la Maison Blanche.

C’est là que, le 1er novembre 1950, deux indépendantistes portoricains tentent, sans succès, de l’assassiner en pénétrant de force dans l’habitation armés de fusils. L’un des assaillants, ainsi qu’un policier, sont tués.

 

Une sécurité qui faisait encore défaut quand, en septembre 2000, un intrus était parvenu à s’introduire jusque dans la chambre où demeurait le Premier ministre indien, alors en visite, mais non présent au moment des faits.

Édifiée en 1824, Blair House est rapidement cédée à Francis Preston Blair, copropriétaire du journal le Globe et proche du président Andrew Jackson, qui en fait un salon recherché de l’élite de Washington.

Franklin D. Roosevelt fait racheter la résidence en 1942 pour loger ses homologues de passage, lassé d’un Winston Churchill dormant à la Maison Blanche qui, cigare à la main, cherchait à le réveiller à trois heures du matin pour faire la conversation.

Avec AFP