Longtemps une chimère, l’Europe de la défense était, selon les termes du Général de Gaulle " une défense de l’Europe par les Américains ", en référence à l’OTAN. La guerre en Ukraine a ouvert un nouveau chapitre sur le sujet: l’Union européenne (UE) a approuvé lundi la constitution d’une force de 5.000 combattants et s’est engagée sur une augmentation de ses dépenses militaires afin d’être en mesure de mener seule des interventions d’ici 2025.

Appel à l’action européen
" L’Union européenne est en danger. L’agression de la Russie contre l’Ukraine n’est pas de la rhétorique et constitue un rappel à l’ordre ", a souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Les ministres des Affaires étrangères et les ministre de la défense de l’UE ont approuvé une " boussole stratégique " élaborée depuis deux ans et adaptée à la situation créée par la guerre en Ukraine. " Il s’agit d’un appel à l’action et ce document ne doit pas rester lettre morte ", a insisté Josep Borrell. " L’Union européenne doit se monter déterminée, rapide dans sa réaction aux crises et elle doit investir dans des capacités de défense en complémentarité avec l’Otan ", a-t-il expliqué.

L’UE va utiliser les Groupements tactiques crées en 2007 pour constituer cette force de réaction de 5.000 militaires. " Les Groupements tactiques sont opérationnels, mais ils n’ont jamais été utilisés, faute de volonté politique et de moyens financiers ", déplore le service d’actions extérieures de l’UE. La force sera constituées de " composantes terrestres, aériennes et maritimes " et dotée de capacités de transports afin d’être en mesure de " mener des intervention pour sauver et évacuer des ressortissants européens " pris dans un conflit. L’Allemagne souhaite constituer le cœur de cette force en 2025, a annoncé lundi sa ministre de la Défense Christine Lambrecht.

Les États-Unis en Europe

" L’UE est collectivement sous-équipée pour faire face aux menaces et aux défis " actuels, avertit le document adopté par les ministres. Cette capacité a fait défaut aux Européens pour remplacer les Américains lors de l’évacuation de Kaboul en aout 2021.

Les engagements militaires de l’UE seront discutés jeudi avec le président américain Joe Biden lors d’un sommet extraordinaire de l’Otan suivi par une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE consacrés aux conséquences de la guerre menée par la Russie en Ukraine pour la sécurité en Europe.

Les États-Unis ont à nouveau déployé plus de 100.000 militaires et d’importants moyens militaires en Europe pour participer au renforcement des défenses aux frontières orientales de l’Otan. Le partage du coût des capacités déployées dans les pays Baltes, en Pologne, en Roumanie, en Bulgarie et en Slovaquie sera l’un des sujets des discussions.

Un budget ambitieux

L’UE consacre 200 milliards de dollars par an, soit 1,5% de son PIB, pour la défense. " C’est trois ou quatre fois le budget de la Russie et autant que la Chine. Mais ce n’est pas assez ", a précisé Josep Borrell. Aucun objectif chiffré n’est inscrit dans les engagements pris lundi par l’UE. Mais tous les pays de l’Otan, dont 21 sont membres de l’UE, se sont engagés à consacrer 2% de leur PIB à leurs dépenses militaires en 2024. L’Allemagne, la Belgique et le Danemark, trois pays très en retard sur cet engagement, ont annoncé des augmentations de leurs budgets.

" L’UE entend fournir un effort additionnel et complémentaire à l’Otan ", a soutenu Josep Borrell. Les Européens veulent investir dans des capacités qui leur font actuellement défaut, notamment des drones, des systèmes de combats, des chars, des systèmes de défense anti-aériens et anti-missiles. " Les actions détaillées sont ambitieuses, mais réalisables avec un engagement politique soutenu ", insiste le document.

" Nous allons voir si nous sommes capables de réaliser ce que nous nous sommes engagés à faire " a conclu Josep Borrell en réponse à l’AFP.

Avec AFP