Des artistes et activistes russes lèvent des fonds pour l’Ukraine, des Pussy Riot aux Femen. "On ne peut pas agir gentiment avec Poutine", selon Nadya Tolokonnikova.

Rendues célèbres pour leur fronde acharnée contre le régime de Vladimir Poutine et leurs opérations coup de poing dans les rues de Moscou, les Pussy Riot emmenées par Nadya Tolokonnikova se mobilisent à nouveau pour l’Ukraine. Désignée "agent de l’étranger" par les autorités russes, l’artiste et activiste a aussitôt réagi lors de l’invasion de l’Ukraine. Elle a levé plus de 7 millions de dollars en 24h via une plateforme. Le NFT* (définition en bas de page) du drapeau ukrainien a été vendu à des donateurs le 2 mars dernier pour 7 millions de dollars. "Les crypto-monnaies n’ont pas de frontières, pas de permis et sont tellement plus faciles et rapides que la monnaie fiduciaire ", a déclaré Tolokonnikova à Bloomberg.

"On ne peut pas agir gentiment avec Poutine. Il est fou. Il ouvrirait le feu sur son propre peuple", a-t-elle déclaré dans une entrevue au journal The Guardian.  Le groupe de musique punk féministe s’est fait connaître du grand public en 2012 lors de son concert dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou aux paroles sans ambiguité : "Marie mère de Dieu, chasse Poutine !". Cette action leur a valu plusieurs condamnations lourdes, dénoncées par nombre de pays et d’organisations de défense des droits de l’homme. Envoyée dans une prison sibérienne durant deux ans, Nadya Tolokonnikova poursuit désormais ses activités en Russie dans la semi-clandestinité.

A l’occasion du festival South by Southwest (Texas) du 14 mars dernier, la fondatrice des Pussy Riot est venue pour présenter sa nouvelle organisation autonome et sans hiérarchie, la Licorne DAO (Organisation autonome décentralisée qui collecte notamment des NFT). Le groupe russe s’est associé à plusieurs groupes de crypto-monnaies pour aider l’Ukraine.

Durant un concert donné à New-York le 26 février dernier, elle a déclaré au public : "Je déteste la guerre. J’aime la paix et je soutiens l’Ukraine. Pu***n de Poutine, j’espère qu’il va mourir bientôt.", rapporte Le Figaro.

Depuis plusieurs années, le régime de Vladimir Poutine poursuit une lutte acharnée contre les opposants et la liberté d’expression. Veronika Nikulshina, également membre des Pussy Riot, a dû s’exiler de force pour continuer son activisme à distance, comme elle l’explique à Amnesty.

2021 a été une année noire pour les droits humains en Russie, des journalistes étrangers sont désormais considérés "agents de l’étranger", les locaux de l’association Memorial ont été fermé de forces suite à la guerre idéologique du pouvoir, jusqu’à la récente condamnation de l’opposant Alexeï Nalavny à neuf ans de prison ferme.

"J’espère pouvoir rire à nouveau et rêver de la belle Russie du futur!", déclare-t-elle sur son profil le 9 septembre 2020, peu après l’empoisonnement d’Alexeï Navalny.

Femmes actives

Dans un autre style, la militante féministe ukrainienne Inna Shevchenko, une des figures des Femen, alerte sur le sort des femmes en Ukraine, qui "prennent les armes", ou tentent de "fuir avec leurs enfants" et peuvent être la cible "de proxénètes à la frontière". Réfugiée politique en France, la jeune femme s’active sur les réseaux sociaux et dans l’espace public.

"Les femmes sont très actives, elles sont au front, elles prennent les armes, elles aident, elles sauvent des vies et elles donnent la vie dans des abris anti-bombe ou dans des maternités, où elles sont bombardées", déclare la jeune femme de 31 ans, qui vit à Paris depuis près de dix ans. Inna Shevchenko est l’une des figures de proue des Femen, un mouvement féministe radical connu pour les défilés de ses militantes torse nu et ses actions spectaculaires.

"Des groupes de proxénètes arrivent d’Allemagne à la frontière polonaise pour profiter de la misère de ces femmes", affirme Inna Shevchenko, originaire de Kherson (sud de l’Ukraine) où vit sa famille. "Les femmes, c’est le visage de la souffrance ukrainienne et de la résistance en même temps. Cette guerre est une vengeance contre le peuple ukrainien qui veut se détacher de son passé soviétique lié à la Russie, qui veut s’émanciper, faire revivre son identité nationale et manifester ses aspirations européennes et démocratiques. C’est une vengeance, une tentative de punir le peuple", ajoute-t-elle. "Ma grand-mère avait quatre ans quand les Nazis sont arrivés dans leur village dans l’ouest de l’Ukraine. Aujourd’hui, elle doit se cacher encore une fois, de l’armée russe qui tente d’effacer ce peuple".

" Kyiv Calling "

Un groupe de punk rock ukrainien prénommé Beton a obtenu les faveurs des Clashs pour reprendre leur légendaire "London Calling" transformé en "Kyiv Calling" afin de lancer une collecte de fonds pour aider l’Ukraine. "London Calling" était un appel à la résistance de la Grande-Bretagne lorsqu’elle était seule face aux Nazis. La BBC commençait ses actualités par "This is London calling" durant la Seconde Guerre mondiale.

Le groupe ukrainien a expliqué sa démarche dans un post Instagram : "Il y a quelques jours, un ami du mouvement de résistance libre ukrainien nous a écrit et nous a demandé si nous pouvions faire une reprise du légendaire "London Calling" de The Clash, en la réécrivant pour parler de la guerre en Ukraine", écrit le groupe.

Le morceau a été enregistré à la hâte dans un studio de Lviv entre le 17 et le 18 mars, en pleine offensive russe. Il est mixé par le producteur de musique Danny Saber, qui a notamment travaillé avec les Rolling Stones et David Bowie.

* Un code NFT permet d’acheter des objets qui circulent sur le web,  qu’on ne peut pas matériellement posséder, avec des jetons numériques qui permettent de certifier leur authenticité. En achetant ce code, on devient propriétaire de l’objet qui lui est associé.

(Avec AFP)

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