Depuis quelques mois déjà, on assiste à un règlement de comptes international et surtout occidental avec le Qatar et son organisation de la Coupe du monde. Catastrophe climatique planétaire, non-respect des droits de l’homme, constructions pharaoniques, accusations de corruption, interdiction de la bière, retrait des bandeaux One Love… toutes les occasions sont bonnes pour attaquer l’Émirat. Un traitement médiatique en règle encouragé par les uns, insupportable pour d’autres.

Le Mondial a commencé depuis deux jours et les critiques se poursuivent. Mais qu’en est-il sur place? En trois mots: tout va bien. Les chiens aboient, la caravane passe.

L’Émirat tient à sa promesse d’origine: organiser une Coupe du monde qui fera date. Et il est en route pour relever le défi. Les amoureux du ballon rond affluent du monde entier sans se soucier de l’ambiance négative diffusée par les médias. Argentins, Mexicains, Équatoriens, Saoudiens, Japonais, Brésiliens… arrivent en masse des quatre coins du monde. C’est déjà un fait unique dans l’histoire de la Coupe du monde: jamais une capitale n’a accueilli à elle seule tous les matches de la compétition et donc tous les supporters. Cet avantage crée sur place une ambiance conviviale et sympathique où toutes les nationalités se côtoient dans le métro, sur la Corniche et dans les fan zones.

Unique également le fait qu’un supporter peut assister à trois, voire quatre matchs en un jour du fait de la proximité des stades. Des fans qui sont choyés par l’Émirat: volontaires par centaines pour les guider, plans et guides offerts à l’aéroport, métro gratuit, SIM card offerte avec accès illimité à la data durant deux jours, distribution d’eau, entrée gratuite aux fan zones… L’organisation est parfaite et bien rodée.

"Nous sommes là pour regarder du beau football, loin des critiques politiciennes", lance cet Argentin venu de loin. Chez un expatrié français, le ras le bol est évident: "Les médias français écrivent n’importe quoi", et pour revenir sur le "soi disant" scandale des airs conditionnés dans les stades, "la climatisation va fonctionner 3 heures par match sur les 64 rencontres, soit 200 heures, ce qui représente 8 jours de consommation. Ceci ne représente qu’une goutte d’eau par rapport à la consommation des tours, malls, hotels et aéroports dans cette région du monde qui utilise l’air conditionné 24/24, 365 jours par an." Un supporter saoudien s’insurge, quant à lui, contre les attaques portées envers les pays du Golfe. "On nous demande de progresser dans les domaines des droits de l’homme et de réaliser en quelques mois ce que les pays occidentaux ont mis des décennies à atteindre. Chaque pays doit progresser à son rythme. Il y a trois ans, les thèmes de l’inclusivité n’étaient pas à la mode. Aujourd’hui tout le monde en parle." "Je suis venu pour soutenir mon pays, j’espère voir l’équipe japonaise au second tour", déclare un Japonais, pas très au courant du brouhaha médiatique en Occident. "Jusqu’à présent on passe du bon temps."

Une chose est sûre, plus on avancera dans ce Mondial et plus on se concentrera sur l’essence même de la plus grande compétition planétaire: du beau jeu, des buts, des frissons et des victoires.

Naji Boulos
Envoyé spécial au Qatar